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Publications |
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Eclats d'Inde |
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par Camille Moutoussamy |
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Après
l'Afrique noire, c'est l'Inde qui fournit le plus gros contingent
de ceux qu'on désigne désormais sous le qualificatif
méprisant de «Coolies» (ou «Kouli»)
pour mettre en valeur les îles à sucre des Antilles.
Plusieurs dizaines de milliers de paysans tamouls s'engagèrent
pour aller travailler cinq ans durant dans les champs de canne à
sucre de Guadeloupe et de Martinique. C'est leur épopée
qui nous est chantée ici.
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«Indes d'Orient, Indes
d'Occident. Rencontre improbable au milieu du XIXéme
siècle dans les îles à sucre des Antilles marquées
par trois siècles d'esclavage qui venaient de s'achevre. Là,
Blancs et Noirs s'étaient affrontés sans merci, les
uns maîtres des plantations, détenteurs des usines à
sucre et des distilleries, protégés par l'infâme
«Code Noir»; les autres plongés dans l'horreur
de la Traite et du servage colonial, victimes désignées
du fouet, du carcan et du crachat. Quand ce cauchemar s'acheva, il
fallut faire appel à de la main d'oeuvre fraîche: l'Afrique
( cette fois le Congo ) fut à nouveau sollicitée, la
Chine aussi, mais c'est l'Inde qui fournit le plus gros contingent
de ceux qu'on désigna désormais sous le qualificatif
méprisant de «Coolees» (ou «Kouli»).
Plusieurs dizaines de millers de paysans tamouls s'engagèrent
pour aller travailler, cinq ans durant (période au terme de
laquelle ils devaient être rapatriés), dans les champs
de canne à sucre de la Guadeloupe et de la Martinique. e Moutoussamy,
lointain héritier de cette civilisation millénaire.
S'addressant à ses deux fils, il évoque les travaux
et les jours, les dieux rescapés du naufrage - Maliémen,
Maldévilen, Kattalayen, Nagouloumila -, la lente et inexorable
créolisation d'un peuple qui a contribué par son courage
tranquille, sa patience infinie, à reconstruire les îles.
On y découvre les figures attachantes de Manman Lammaï,
Manman Sine, Tayé, le rebelle, Albert Allemèle, réciteur
du Ramayana, la bellissime Manita, ou encore Zazo, détenteur
de la mémoire et des rituels tamouls. Cela dans une langue
de haute facture classique émaillée de toute la poétique
du créole. Cette oeuvre s'inscrit dans le droit fil du mouvement
de la Créolité.» Raphaël
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