Préval II: la continuité dans le changement ?

Nancy Roc

Mario Andresol
Mario Andrésol. © 2006 Le Nouvelliste
Dès qu’il s’agit de voleur ou de kidnappeur, qu’il soit politicien ou autre, je n’aurai pas d’état d’âme pour faire ce qui doit être fait en vertu de la loi.” - Mario Andrésol, Chef de la Police d’Haïti.

Deux mois après sa prise de fonction, certains observateurs s’accordent à dire que le président René Préval n’a pas commis de «gaffe», en particulier face à la communauté internationale. Son récent voyage en Europe, le premier depuis son investiture officielle, a rapporté des fruits parmi lesquels, la réadmission d’Haïti au marché commun caribéen (Caricom) et des engagements fermes pour la construction de nouvelles routes dans le cadre de la coopération entre Haïti et la France d'une part et entre Haïti et la Banque Interaméricaine de Développement (Bid), d'autre part. Ces résultats font suite à un autre acte concret pour Haïti : la signature le 14 mai dernier de l’accord Petrocaribe avec le vice président du Venezuela, José Vicente Rangel. Aujourd’hui, les conséquences de cet acte se font déjà sentir avec la baisse des prix des produits pétroliers à la pompe.

Toutefois, alors que l’été 2006 s’annonce déjà chaud face à la recrudescence du banditisme à travers la capitale, le Président Préval reste pour le moins «frileux» face à deux dossiers cruciaux pour l’avenir tant immédiat qu’à long terme du pays : l’insécurité et la justice. Aucune déclaration ferme ni d’acte concret n’ont été enregistrés du côté des nouvelles autorités haïtiennes. Il en est de même en matière de lutte contre la corruption et contre la contrebande. De plus, depuis la déclaration de politique générale du Premier Ministre Jacques Edouard Alexis, ce dernier demeure étrangement silencieux alors que Préval domine l’avant-scène politique. Allons-nous retourner vers un régime présidentiel traditionnel?

A trente jours de l’expiration de sa période de grâce, le nouveau gouvernement est déjà pressurisé par la précipitation des événements: recrudescence des kidnappings, menaces des partisans de Jean-Bertrand Aristide qui exigent leur réintégration dans l’administration publique et affrontements entre bandes rivales dans la banlieue sud / sud-est de la capitale qui auraient engendré officiellement au moins 22 morts et plusieurs blessés le 7 juillet dernier alors que les chiffres officieux évoquent une quarantaine de morts. Il faudra donc bien plus qu’un Programme d’apaisement social pour contenir la violence, en particulier dans la capitale, et si l’on doit reconnaître que Préval n’a fait aucune promesse de Polichinelle, il est clair que le peuple haïtien, fatigué voire écœuré par de fausses promesses, attend aujourd’hui des actes concrets à la fois dans la lutte contre la violence, la corruption et dans la création d’emplois.

Combien de temps le nouveau gouvernement pourra-t-il continuer à pratiquer la politique de l’autruche face aux anciens partisans d’Aristide qui reviennent en force et face aux gangs qui ont porté allégeance au Président pendant la campagne présidentielle? Le départ précipité de l’ex-Premier ministre Gérard Latortue, sans explication officielle et sans rendre compte à la nation de sa gestion au cours des deux dernières années, ne constitue-t-il pas un mauvais précédent en matière de gouvernance en particulier dans une transition que Préval souhaite réaliser pendant son second mandat? L’absence de déclaration et surtout de fermeté des nouvelles autorités face à la remontée de la violence urbaine, permettra-t-elle une fois de plus et une fois de trop, que la loi de la force remplace la force de la loi et du droit ? Allons-nous assister, dans notre marronnage ancestral et coutumier, à la continuité dans le changement? Telles sont les questions auxquelles nous essayerons de répondre dans notre grand dossier intitulé : Préval II: la continuité dans le changement?

L’insécurité: une gangrène qui se propage

«Du chaos l’ordre doit renaître», a lancé Mario Andresol au Sénat de la République après sa ratification comme directeur général et commandant en chef de la Police nationale d’Haïti pour un mandat de trois ans. Malgré la bonne foi de M. Andresol et sa détermination à combattre l’insécurité, il est à craindre que cette déclaration ne puisse se concrétiser. Comment l’ordre renaîtra-t-il lorsque la PNH ( la Police Nationale) ne dispose actuellement que d’un policier pour 1.500 habitants, que les gangs sont lourdement armés et que la police ne dispose même pas de ces armes? Lors de son installation il y a un an, le 22 juillet 2005, Mario Andresol avait déclaré  que «le temps n’était plus à la rhétorique». Il avait aussi promis d’agir pour faire revenir «la paix des cœurs» au sein de la population en assurant une «présence effective et permanente» de la police afin de rétablir la confiance envers l’institution. Un an plus tard, les souvenirs de l’été meurtrier de 2005 sont vivaces dans la mémoire de tous et la recrudescence de la violence et des kidnappings ces dernières semaines nous fait craindre un autre été infernal. Quant à nos cœurs, quand ils ne flanchent pas sous des crises cardiaques ou des infarctus dus au stress et à la peur du quotidien, ils se gonflent de douleur au souvenir du meurtre atroce de Jacques Roche il y a un an. Son souvenir nous hante et ses assassins courent toujours. Comme ceux de Jean Dominique, comme ceux de Brignol Lindor. En Haïti, le diable est omniprésent et Dieu se tait.

La majorité, quant à elle, demeure encore trop silencieuse; ceci malgré la diffusion inédite cette semaine d’une émission débat autour du phénomène du kidnapping en Haïti réalisée sur les ondes de la radio Caraïbe FM à l’occasion de la triste commémoration, ce lundi 10 juillet, de l’enlèvement suivi de l’assassinat du poète journaliste Jacques Roche. Cette initiative louable de différentes organisations de droits humains et d’autres regroupements de la société civile portera-t-elle des fruits? Les appels des victimes adressés à l’État pour qu’il prenne des mesures drastiques contre le rapt seront-ils enfin entendus?

Permettez-nous d’en douter pour plusieurs raisons. Tout d’abord, rappelons que René Préval a dernièrement déclaré que la ratification de Mario Andrésol par le Parlement constituait «un pas vers la réduction de l’insécurité». Le deuxième pas à franchir, a-t-il dit, est la nomination d’un secrétaire d’État à la Sécurité publique.

Le gouvernement de Préval compte beaucoup sur l’exécution du Programme d’apaisement social (Pas) et, de l’avis du chef d’État, ce programme répond aux exigences de la population à moyen terme. Toutefois, il dit miser sur des projets à long terme et non sur le court terme. Malheureusement, les nominations susmentionnées ne font et ne feront pas le poids devant la prolifération des armes légères dans le pays: plus de 210.000 légales et illégales de tous calibres sont en circulation en Haïti suivant des recherches menées entre 2004 et 2005 par des organisations internationales, dont OXFAM et Amnistie Internationale. De cette quantité, près de 170.000 se trouvent entre les mains de particuliers, de simples citoyens, de services de sécurité et de la police. Selon ces organisations, les bandes armées en possèdent plus de 13.000 et «ce sont des projections» avaient-elles souligné lors de la présentation de leur rapport en janvier 20061.

Quant au Programme d’apaisement social, il devrait être considéré en second lieu. Le premier et le plus important doit être celui du désarmement. Comment le chef de l’État peut-il parler de projet à long terme alors que sans des mesures drastiques et urgentes contre l’insécurité, rien ne peut et ne pourra être entrepris à moyen et long terme? Qu’en est-il de la promesse faite par le Premier ministre Jacques Edouard Alexis, lors de la présentation de sa politique générale, de «mener une lutte de tous les instants contre toutes formes de criminalité et de réduire significativement l’insécurité dans nos villes et dans nos campagnes»? L’engagement de J. E. Alexis deviendra-t-il matière à dérision comme celle de Gérard Latortue qui, il y a un an, déclarait péremptoirement lors de la nomination de Mario Andrésol qu’«à partir d’aujourd’hui, c’est le commencement de la fin du règne de la violence, de l’insécurité dans le pays»2?

Si l’absence de mesures concrètes contre l’insécurité est déjà inquiétante, la mauvaise perception ou interprétation des causes de l’insécurité peut être dangereuse voire suicidaire. À cet égard, soulignons que ce mercredi à l’occasion du Forum sur la diaspora au Karibe Convention Center, le chef de l’État a réitéré sa conviction que le pays fait face à des actes de banditisme et non à une violence politique. Préval essaye-t-il de nous leurrer, de se leurrer ou de ménager les partisans d’Aristide? Quoiqu’il en soit, la réalité sur le terrain démontre qu’il a tort.

Les déclarations des partisans de Jean-Bertrand Aristide réclamant leur réintégration au sein de l’administration publique étaient clairement menaçantes: s’ils ne retrouvaient pas leur place, ces membres d’OP avaient promis de passer à l’action en annonçant le début d’une nouvelle opération dénommée «chauve-souris». Peut-on banaliser ces menaces alors que la violence et les kidnappings ont pris une vitesse supérieure suite à ces premières? L’«Opération Bagdad» n’a-t-elle pas infligé une leçon cuisante tant à la MINUSTAH qu’au gouvernement de transition? Comment expliquer qu’après de telles menaces, le gouvernement ait déclaré piteusement qu’il allait examiner les dossiers des anciens partisans d’Aristide révoqués au cas par cas? D’autre part, les chimères - avec le grand retour et le soutien de René Civil et de Paul Raymond - n’ont-ils pas annoncé une manifestation d’envergure pour l’anniversaire d’Aristide ce 15 juillet? Si cette violence n’est pas politique, comment la qualifier? Et de plus, qui finance ces hommes et dans quel but?

Le week-end meurtrier du 7 juillet dernier à Martissant n’a-t-il aucune cause politique? Les groupes armés qui se sont affrontés faisant près de 40 morts, ont mené selon la police «une bataille rangée» entre les gangs coalisés de Ti Bois et Lame Ti Manchèt (L’armée des petites machettes) et d’autres délinquants basés à Grand Ravine. Une bataille rangée entre qui et qui? Certains informateurs évoquent une guerre ouverte entre les gangs ayant prêté allégeance à Préval et d’autres ayant juré fidélité à Aristide. Par ailleurs, si la police a annoncé que des mesures avaient été prises de concert avec la MINUSTAH pour permettre à la population de vaquer à ses occupations, comment expliquer l’exode massif qui a transformé Martissant en un quartier fantôme? Des familles entières, craignant la fureur des tueurs de Grand Ravine et de Ti Bois, ont dû prendre la fuite pour se réfugier ailleurs.

D’autre part, les témoignages accablants sur l’ampleur des atrocités commises par les brigands ne manquent pas. Un jeune homme, ayant requis l’anonymat, a confié à Radio Kiskeya et à SIGNAL FM avoir été informé de l’assassinat de sa mère et de son jeune frère âgé de treize ans. La première aurait eu le bras coupé à coups de machettes avant d’être achevée par balles. Comment croire aux mesures annoncées par la police lorsque l’on sait que Martissant et toute la zone Sud et Sud Ouest de la capitale est livrée à elle-même depuis deux ans et que les gangs y règnent semant la terreur, les crimes et les viols? D’autre part, on retiendra aussi que le gouvernement n’a pipé mot sur cette tuerie.

Enfin, on ne saurait clore ce chapitre sans évoquer la responsabilité de la MINUSTAH. L’émission spéciale sur les kidnappings retransmise par Caraïbes FM cette semaine a permis - si cela était encore nécessaire - de démontrer non seulement l’inefficacité des troupes onusiennes à appliquer leur mandat mais elle a aussi pointé du doigt leur complicité avec les gangs dans les kidnappings. Même si la porte parole de la MINUSTAH a apporté un démenti formel à ces allégations, il lui faudra faire ses preuves pour  rétablir une confiance depuis longtemps perdue.

Notons que de plus en plus de sénateurs et de députés se montrent préoccupés par la recrudescence de la violence et nombre d’entre eux questionnent aussi la responsabilité de la MINUSTAH dans le pourrissement de la situation. «La sécurité n’est pas uniquement une priorité pour les Haïtiens. Elle est aussi, et surtout la préoccupation première de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et également celle de tous ceux qui sont en Haïti pour aider le peuple haïtien», a déclaré le porte parole de la MINUSTAH, Sophie de la Combe lors d’une conférence de presse le jeudi 6 juillet à l’Hôtel Christopher.

Quand est-ce qu’on arrêtera de prendre les enfants du Bon Dieu pour des canards sauvages? Il est grand temps que le gouvernement impose son autorité au lieu de se laisser mener par le bout du nez par une force d’occupation étrangère. Á cet égard, soulignons la remarque du sénateur Jean Gabriel Fortuné, membre de la Commission Défense, Justice et Sécurité publique, qui s’est abstenu de voter pour la ratification de Mario Andresol en précisant que «s’il faut approuver un directeur général de la police, il ne devrait pas être sous coupe réglée de la MINUSTAH». On se souviendra aussi de celle de René Préval qui, après avoir désigné une nouvelle fois Mario Andresol comme chef de la Police, a précisé: «l’international me dit de travailler avec lui». Par cet ajout, le Chef de l’État soulignait-il qu’il ne cautionnait pas Andresol ou a-t-il saisi l’occasion pour prendre apparemment ses distances d’un chef de la police connu pour être proche de lui? Préval redoutait-il qu’on l’accuse de vouloir politiser la Police Nationale?

Quoiqu’il en soit, aujourd’hui que nous disposons d’un Parlement légitime, il faut que les élus redressent la situation en questionnant le rôle de la MINUSTAH mais aussi en se prononçant sur l’immunité judiciaire accordée aux forces internationales. Le cas récent du viol et meurtre d’une adolescente irakienne à Bagdad par cinq soldats Américains devrait nous servir d’exemple. Le 9 juillet écoulé, l’armée américaine les a inculpés et le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki a demandé une révision de l’immunité judiciaire des forces internationales en Irak3.

Lors de son interview accordée au journal français Le Monde, le président de la République a déclaré que «Le gouvernement doit être plus présent. La MINUSTAH devra travailler non seulement en accord avec le gouvernement, mais je dirai presque sous la supervision du gouvernement, de l'Etat haïtien.». Le «presque» n’était pas nécessaire M. le Président et la Nation vous soutiendra si vous passez de la parole aux actes.

La justice et la corruption: des dossiers brûlants et pendants

Il est clair que sans un système judiciaire adéquat et sans une lutte contre la corruption, l’impunité continuera a régner en maîtresse absolue avec toutes les conséquences néfastes que cela entraînera pour l’ensemble de la société haïtienne. Á ce sujet, le départ précipité de Gérard Latortue reste questionnable et constitue un mauvais précédent en matière de gouvernance. Le gouvernement devrait exiger un compte rendu à la Cour supérieure des comptes et ce dernier devrait être publié… mais pour ce faire, les nouvelles autorités doivent aussi donner l’exemple. Or, six ministres seulement et le chef de l’État ont déclaré leur patrimoine à la justice. Il faut immédiatement remédier à cette situation.

D’autre part, au début du mois, le nouveau gouvernement avait exigé des responsables de l’ancienne administration la restitution de biens appartenant au patrimoine de l’État. Dans un communiqué signé du Premier ministre, le gouvernement, accordait à toutes les personnes concernées un délai expirant le vendredi 7 juillet pour «restituer de tels biens aux institutions publiques qui en sont les dépositaires». Le délai a expiré. Quelle suite a été donnée à cet ultimatum?

La justice haïtienne n’est pas non plus exempte de mesures arbitraires. Le 19 juin dernier, le secrétaire exécutif du Réseau National de Défense des Droits Humains (RNDDH), Pierre Espérance, a affirmé que l’impunité est la principale cause de la résurgence du climat d’insécurité dans la capitale. Pierre Espérance a rappelé que des juges d’instruction ont libéré sans motif valable les auteurs de viol, de kidnapping et d’actes de violence. «Les juges d’instruction accordent des "mains levées" à tout bout de champ en faveur des bandits arrêtés par les forces de l’ordre», a-t-il déclaré. La justice haïtienne ne devrait-elle pas être épurée au même titre que la Police Nationale?

Quant au retrait, la semaine dernière, par le gouvernement du président René Préval de la plainte pour vol de «millions de dollars» déposée aux États-Unis par le gouvernement intérimaire de Gérard Latortue à l'encontre de Jean Bertrand Aristide, il restera inacceptable tant que les autorités n’auront pas expliqué le bien fondé d’une telle décision. Les explications fournies à ce jour sont bien faibles et ne justifient pas la gravité d’une telle décision dans un pays connu pour être champion en matière de corruption et d’impunité. Ce retrait a semé le trouble dans les esprits.  La justice ne peut en aucun cas être complice de la dilapidation des fonds publics.

La corruption en Haïti est devenue un tel cancer qu’il nous faudrait plusieurs grands dossiers pour la traiter. Toutefois, juste ces jours derniers, l’opinion publique est en droit de se questionner sur la dernière interpellation de Dany Toussaint qui, une fois de plus, s’est terminée en queue de poisson.

Comment des activistes violents tels que René Civil et Paul Raymond, connus notamment pour avoir profité des «caisses noires» de la Téleco (la Compagnie Nationale de Télécommunications) peuvent-ils circuler librement en osant prononcer des conférences de presse? Qu’adviendra-t-il des commissions telles que l’UCREF (l’Unité Centrale de Recherche et d’Enquête Fiscale) et autres sous ce nouveau gouvernement? Quelles seront les mesures prises à l’encontre des contrebandiers qui font perdre des millions de dollars par an au pays le plus pauvre du continent?

À la question du journal Le Monde concernant les mesures prises pour affronter la corruption, le Président Préval avait répondu qu’il «ne suffit pas d'avoir un homme intègre, il faut un système qui permettra d'être sûr que la corruption n'existe pas.(…) Il faut des procédures simples, transparentes et vérifiables»4. On les attend impatiemment M. le Président! Mais n’oublions pas que «la pire des corruptions n'est pas celle qui brave les lois ; mais celle qui s'en fait à elle-même»5

«Dans une société bien réglée, le bons doivent servir de modèle et les méchants d'exemple»6, dit le dicton mais en Haïti c’est l’inverse qui a toujours été de mise. Même la composition actuelle du Sénat de la République en est l’exemple à certains égards… Lors de la présentation de sa politique générale, le Premier ministre Jacques Edouard Alexis avait déclaré que «nous nous trouvons à la croisée des chemins. Nous devons nous engager dans la bonne direction, en prenant avec courage les grandes décisions qui s’imposent.»

Le gouvernement de transition avait, par sa nature même et le fait qu’il n’avait pas à plaire à un électorat, l’opportunité de prendre des décisions impopulaires mais utiles à la Nation. Non seulement il ne l’a pas fait mais Gérard Latortue s’est révélé être un pantin onusien et un traître à la nation. L’accord de février dernier signé avec la MINUSTAH a définitivement révélé le vrai visage de Latortue.

À 30 jours de l’expiration de l’état de grâce du gouvernement Préval/Alexis, ce dernier doit passer de la parole aux actes. Le nouveau gouvernement est désormais au pied du mur. Si des mesures urgentes et fermes, voire drastiques, ne sont pas entreprises immédiatement, le climat politique et social que l’on cherche à assainir, va s’empoisonner davantage.

Après le ‘’bon‘’ départ pris par Préval, cette dégradation serait regrettable et peut-être irrattrapable. Comme l’a stipulé Claude Moïse dans son éditorial du 10 juillet dernier, le nouveau gouvernement doit donc «s’expliquer, expliquer et prendre des mesures énergiques pour sauvegarder sa crédibilité, faire renaître la confiance dans les dirigeants et dégager l’horizon. Il ne peut plus tergiverser. Le jeu force à couper7». Dans le cas contraire, le nouveau gouvernement élu ne fera que perpétuer la  tradition haïtienne du pouvoir: la continuité dans le changement.

Nancy Roc, Montréal le 14 juillet 2006

  1. Plus de 200.000 armes de tous calibres en circulation, dont 13.000 détenues par les gangs, Alter Presse, 16 janvier 2006.
  2. Haïti: «Le temps n’est plus à la rhétorique. », déclare le nouveau directeur de la, Alter Presse, le 22 juillet 2005.
  3. Cinq soldats américains accusés de viol et de meurtre, Le Devoir, page B1, le 10 juillet 2006.
  4. René Préval: N'envoyez pas de l'argent, mais des technicien», Le Monde du 28 juin 2006.
  5. Citation de Louis de Bonald.
  6. Citation de Louis de Bonald - Extrait des Maximes et pensées.
  7. Le jeu force à couper, Claude Moïse, Le Matin, Editorial du 10 juillet 2006.

 

 
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