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Dans ce film en Guyane elle tient le rôle principal. Et c’est une excellente opportunité pour elle de connaître la Guyane. Elle s’interesse toujours aux petits détails dans les pays où elle se trouve. Elle aime la Guyane et sait, dit-elle, qu’il y a ici aussi une large communauté haïtienne qui y réside.
Pascale, 23 ans, raconte comment elle a d’abord commencé, elle avait à peine 14 ans, dans le théatre avant d’être invitée au cinéma. Ici, elle se plait bien et croit qu’elle a des opportunités exceptionnelles pour se cultiver personnellement et surtout pour aider les gens autour d’elle.
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Elle souligne combien elle est sensible aux realités sociales dans les pays qu’elle visite parce que spontanément elle se retrouve à les comparer à Haïti. Il lui arrive d’effectuer plusieurs voyages dans une année en Haïti pour y apporter son concours à une organisation établie aux Etats-Unis. De plus, elle est toujours heureuse de se retrouver dans la compagnie de la famille et des nombreux amis de ses parents. Pascale est la petite fille de feu René Piquion.
Elle aime l’expérience de tourner un film à l’étranger. Cela lui donne l’occasion de s’immerger dans une autre culture, de se faire d’autres amis et de mieux comprendre le monde. “C’est pourquoi j’aime voyager et j’aime surtout apprendre des autres”, confie Pascale Piquion à qui il faut
souhaiter du succès continu.
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Editorial
Des idées et des hommes
L’essentiel est un nouveau démarrage de ce pays. Il n’y a ni grand discours ni palabres
pour arriver à l’essentiel. D’ailleurs, “ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les
mots pour le dire arrivent aisément”. Le dicton est connu.
S’il faut donc un nouveau départ, de nouvelles déterminations, un nouvel enthousiasme,
bref... “du nouveau”, à l’échelle nationale, il faut au minimum deux choses, et même au bout
du compte une troisième que nous verrons plus tard. Il nous faut d’abord des idées et des
hommes.
Pour les idées, nous aurions tendances à dire comme les autres: “Nous n’avons pas de
pétrole, mais nous avons des idées”. C’est faux. Nous en avons très peu. Et la preuve est là,
toute récente, avec une campagne électorale sèche, sans thème particulier, sans contraste,
vide et... sans idée.
Ceux qui ailleurs disaient ne pas avoir du pétrole, mais des idées, disaient faux. Eux
aussi. Ils n’avaient pas grand-chose, et Jean-François Revel (mort ce samedi 29 Avril à Paris)
le démontrait, on s’en souvient, dans son “Ni Marx, Ni Jésus”. Car, il faut disposer de centres
de production des idées, pour en avoir. Il faut des universités, des centres de réflexion, des
publications nombreuses et spécialisées pour avoir des idées. Pour les faire circuler dans la
société. Pour que chaque citoyen, chaque fonctionnaire, chaque agent public soit un promoteur
de modernité et de relèvement du niveau de vie. Ce n’est pas par hasard, qu’il y a des “think
tanks” dans les quelques rares pays les plus avancés de ce globe. Il y en a aussi dans quelques
rares organisations politiques. Et il nous est indispensable d’en avoir pour créer du nouveau.
Maintenant, qu’en est-il des hommes? Cette fois, on nous dira qu’on n’en a pas. Et l’on
pourra illustrer avec mille “pages retrouvées” que la pâte humaine dont on se plaignait dans
les publications du 19ème siècle, est encore pire aujourd’hui. Là où l’on croyait retrouver un
homme, on ne trouve qu’un animal humain. Malhonnête, menteur, voleur... et tout le reste.
Comme s’il fallait attendre qu’on ait des hommes impeccables, fraichement sortis “du
royaume de Dieu”, pour ne pas dire “des cuisses de Jupiter”, pour entamer ce qui ne peut
plus attendre dans la société, au service de la collectivité.
A écouter les commentaires, il faudrait raser ce coin de terre, exterminer de cette île tous
ceux qui y ont occupé une quelconque fonction publique et réintroduire ici des “hommes
nouveaux”, d’immaculée conception, pour refaire le tissu politique de la République d’Haïti.
Il faudrait aussi, soit dit en passant, des hommes “qui écrivent bien le français, qui ne boivent
pas, ne fument pas, ne fréquentent pas les femmes et n’ont jamais fait du mal à personne”.
C’est avec ces gens-là qu’il faut refaire la politique en Haïti. Que dis-je? Qu’il faut établir
pour de bon la démocratie en Haïti.
Attention! Soyons sérieux. Pour parler comme le professeur. Il nous faut des idées, et il
nous faut “des hommes responsables”. Des idées, pour améliorer la vie en Haïti, on en trouvera
dans tous les rapports d’Institutions internationales aujourd’hui. Des hommes responsables,
ou des hommes et des femmes qualifiés et responsabilisés, on en a, peu soient-ils, en Haïti et
en dehors d’Haïti. Et puisqu’aucun Président de la République ne peut être contraint de
travailler avec qui ne veut pas collaborer avec lui, il faudra compter sur ceux qui sont
prêts à donner le meilleur d’eux-mêmes pour améliorer la vie de 10 millions d’hommes
sur 27'000 Km2.
En dernier lieu, après les idées et les hommes, ce dont parle Machiavel et qui est
une composante impondérable de la réussite politique, composante avec laquelle il faut
toujours compter: c’est la chance. Chance de conjonctures internationales et nationales
favorables à un nouveau démarrage de ce pays.
Bonne lecture et à bientot.
Bob Nerée
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ceux qui désirent recevoir le pdf peuvent m'envoyer un email.
IMMIGRATION
Nous sommes tous concernés
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Vue d’une communauté haïtienne aux Bahamas. |
Au moment où un nouveau
gouvernement s’installe à Port-auprince,
une vague d’anti-haïtianisme
se déploie délibérément autour de la
République d’Haïti, notamment dans la
Caraïbe.
“Délibérément” et “antihaitianisme”,
sont des termes forts,
mais on a comme l’impression que
c’est de quoi il s’agit. Au moment où
la question haïtienne est en débat dans
la Caraïbe et notamment en Grenade,
nos voisins proches, autant la
République Dominicaine que les
Bahamas, renforcent leurs dispositifs
de protection contre l’immigration
illégale pour s’en prendre en particulier
aux communautés haïtiennes établies
chez eux.
Ces récents mois, au lendemain
des élections en Haïti et même après la
visite du président élu haïtien en
République Dominicaine, plus de trois
mille déclarés illégaux haïtiens ont été
déportés de la république voisine. Les
organisations humanitaires autant que
le gouvernement haïtien lui-même
n’ont pu rien faire à cet égard et
l’impression générale, disons-nous,
c’est que cette rigueur intervient
comme pour placer la balle du côté
haïtien.
Tout le monde sait, en Haïti
comme ailleurs, que l’émigration
haïtienne, dans la Caraïbe et vers le
nord, est essentiellement liée à la
situation générale dans le pays. Aucun
gouvernement haïtien ne saurait fermer
les yeux sur cet état de fait. Car il faut
dans l’immédiat retenir sur leur
territoire les haïtiens et leur permettre
de mener chez eux une existence
décente. Ceux qui par malheur ont dû
émigrer dans les îles voisines, dans les
Bahamas, à Turk and Caicos et
jusqu’en Guyane, mènent, on le sait,
une existence misérable qui ne peut
laisser indifférent aucun citoyen
haïtien. Récemmement encore, la
presse américaine soulignait les
tracasseries des communautés
haïtiennes dans les Bahamas où bon
nombre d’entre elles vivent dans des
bidonvilles et sont souvent des victimes
sans défense des autorités. Le
représentant officiel du gouvernement
haïtien aux Bahamas expliquait
comment ces compatriotes haïtiens ont
peur de s’identifier comme haïtiens, ce
qui rend la tâche de les soutenir et de les aider encore plus difficile. Or tout
le monde sait qu’une large portion de
la population bahaméenne est d’origine
haïtienne. Il en est de même en Guyane
française. Au bas mot, les estimations
fixent à 15% de la population de la
Guyane les familles d’origine
haïtienne. Ici, la langue, croit-on, a
facilité l’intégration. Mais les
problèmes restent les mêmes:
marginalisation systématique de cette
communauté.
Il est inutile, à ce propos, de
mentionner la République
Dominicaine. Le problème y est crucial
avec des assassinats réguliers
d’haïtiens, des trafics ouverts de
passeurs par-delà la frontière, des abus
cruels et inhumains à l’encontre
d’inoffensifs haïtiens. Et tout ceci se
poursuit, on dirait dans l’impunité
totale ou plutôt dans l’indifférence des
instances étatiques.
Il est évident qu’on ne va pas
demander à l’Etat haïtien de déclarer
la guerre à l’Etat voisin. On ne va pas
non plus arrêter le flot de marchandises
qui arrive en Haïti de la République
Dominicaine parce que des trafiquants
ont suffoqué une dizaine de travailleurs
haïtiens. Mais, il faut que les choses
changent et pour cela il faut qu’il y ait
des réactions. Certainement, il faut
ouvrir de nouveaux canaux de dialogue
et de négociation. Il faut que des
instances universitaires, humanitaires, religieuses interviennent des deux cotés
de la frontière. Il faut qu’on en parle
dans les journaux en Haïti, il faut des
colloques sur la question à la radio,
dans les universités, sans rechercher
une issue immédiate, une décision
politique instantannée. Mais il faut que
la question soit d’actualité en Haïti
même, pendant que les communautés
haïtiennes en République Dominicaine,
aux Bahamas, à Turk and Caicos, en
Guyane, aux Etats-Unis et ailleurs sont
menacées. Ce n’est pas la seule affaire
du gouvernement haïtien. Il faut que
des professeurs d’Universités, des
associations de professionnels, de
commerçants ou d’industriels élèvent
la voix et que les voisins sachent que
les Haïtiens de toutes les classes
sociales sont concernés par le sort
réservé aux autres haitiens pauvres et
illétrés établis en terres étrangères.
Il n’y a pas de doute qu’une fois
que les choses se seront améliorées au
pays, non seulement les Haïtiens
n’émigreront pas autant, mais
beaucoup d’entre eux seront heureux
de rentrer en Haïti. Ce que les
responsables politiques haïtiens ont en
main comme solution aux problèmes
de l’émigration haïtienne dans la
Caraïbe et ailleurs, c’est précisément
l’amélioration des conditions de vie
dans le pays pour que les enfants
d’Haïti restent en Haïti. Et... fièrement.
Nro Avril 2006
Nro Juin 2006
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