Cher Raphaël Confiant,
J’ai lu ton texte et je l’ai aimé.
Mais j’ai un regret. Tu ne critiques pas, tu décales
! Tu assommes le type, il est à terre, tu cognes encore!
La calotte de départ (dissertation d’un élève
besogneux, bourrée de citations ou de références
à des auteurs/des ouvrages prestigieux.) suffisait amplement,
il était groggy, il chancelait, tombait presque!
Quand donc comprendras-tu que cette habitude que tu as de décaler,
de t’attaquer à la personne même, nuit à
la critique et l’atténue fortement. Je suis sûr
que lui et beaucoup d’autres auront appris à la lecture
de ce texte. Notamment, qu’en confondant littérature
et philosophie (ce qu’il fait et qui signifie qu’il
ne sait peut-être pas ce qu’est la philo), il confond
sens et signification. Qu’il aille re-lire Kant!
Par ailleurs, d’accord sur la magistrale leçon d’histoire
concernant l’Ecole en France! Tu feras réfléchir
plus d’un parmi nos enseignants. Surtout s’ils ne s’arrêtent
pas à la dimension décalation du texte. Et
si on n’enseigne pas la culture, toute éducation, tout
enseignement doivent être situés et se réaliser
dans le bain culturel propre à l’enfant. Encore une
fois, relisons Kant! (Même si tu me traites moi aussi d’aliéné,
mais j’ai lu, et tu le sais, approfondi, intégré,
et Césaire et Fanon et Glissant et Confiant et Chamoiseau
et Borgès et Depestre et …).
Encore un point. Notre histoire est tragique (page 2, fin
du paragraphe 1). OK. Ce que Césaire avait fait remarquer
à une journaliste française qui l’interviewait
(«Non pas dramatique, madame, tragique, oui, tragique
!»). Mais nous devons tout faire pour que cette tragédie
se transforme en drame! Cela voudrait dire que nous faisons notre
histoire, qu’elle n’est plus un pan (comme
le dit Glissant) de l’histoire de l’Autre, qu’elle
n’est plus sans fin comme l’est la tragédie mais
qu’elle peut avoir comme le drame, en finalité, en
visée, une fin (heureuse ou malheureuse!).
Ceci étant, bravo !
5.07.03
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