Rasta-food et marketing bio,
ouben bon ti-mangé kréyol annou ?

«Planté manjé pou nou kenbé !» Qui s'en souvient encore, à l'heure de l'hyper… charmé ?

En Guadeloupe, le paradis végétal devrait nous permet d'avoir une alimentation plus saine, sinon équilibrée. Qu'il semble naturel aussi de retrouver nos saveurs et parfums de terre ! La cuisine végétarienne quant à elle, est une philosophie, un art de vivre venu d'antan-lontan et de nanni-nannan. Elle répondrait à toutes les exigences : nourrissante, nutritionnelle, facile à préparer, savoureuse...

Tel est le message des gens d'Ouvè-Zié-Art qui organisent un «Ital Festival» autour de la gastronomie karu-végé et du patrimoine gastro-botanique au Calvaire, Gosier, ce dimanche 20 juin.

Subitement redécouvert par les Huns de Saumur et les autres, quoique millénaire aux Indes yoguiques et civilisations d'ailleurs, voilà le végé-manger devenu gastronomie suprême d'amateurs de tous milieux, des Jah people les plus rabougris aux porte-feuilles les mieux bombés. Au grand dam de nos bouchers koulis, dont les ancêtres laissaient paître en paix boeufs et vaches... Mais qui par détour de l'histoire et reconversion-baptême se retrouvèrent éleveurs et abatteurs en îles !

A l'ombre bénie du grand Crucifix du Gosier, les Ouvè-Zié-Art envisagent autour du manger tout un rassemblement culturel d'art et tradition - concert, animations, diversité de produits végé, et même une banque alimentaire pour oboler nannan-purina aux plus ascétiques d'entre nous.

Et comme la végé-fête inci-coïnde avec la Semaine du Développement Durable, ce petit peuple de bien-nourris, végétariens d'un dimanche ou rabougris en fête, troussera le maillot en se bouchant le nez ansanm-ansanm au rythme des tambours : un ramassage de déchets sera organisé autour de la Sainte-Arène pour soulager les employés de la mairie. Et tenter pour l'énième fois d'exorciser le geste du pollu-quidam.

Mais reparlons manger. On peut rêver, en nattant dents, qu'il s'agira bien à ce festin de revaloriser nos feuillages à bain... nos feuilles de kalalou ... pikinga, paroka, moulékilè, gourde en daube... patates, malanga, kouskouche en sauceŠ, pourpier, zèb-à-fè, chikoré, douvan-nèg en salade... sorbets monbin et prunes-café , bonbons-moussach, chadek konfi au dessert... kafé-zépian , tisanes koklaya , et autres bon-manjé-et-boire kréyol, de l'annou et de l'innovant. Le tout servi bien proprement, avec sourire et courtoisie d'ici, sans sempiternel, trop hygiénique «sa-a été ?» en fin de course..

Une fête Ital ? Génial ! Mais espérons-le, pas un de ces herbal… meetings fumeux et odorants... Ni un autre stand foire-trade-salon qui ferait la part belle au marketing végé-biotique, ce commerce venu d'au-loin pour nous faire manger mieux en… nous chantant la paix...

Du Bio tout aussi importé, qui coûte encore plus cher que les pistaches grillées, diri-lanti-pwarouj-lanmori ou vieux banneton molli... Avec en prime pharmacopée non-remboursable de jus de plantes belges en ampoules, nectars de baies allemandes en lourds flacons massifs, varech breton en gélules, soupes de potimarron des Causses en poudre, lentilles du Puy, pil-pil et autres sarrazin au poids glanés en Gaule... le tout trop bien salé depuis Guérande, et irradié par le stratosphérique avion…