Guiyan
 

Haïkus carnavalesques

Philippe PRATX

Carnaval
Carnaval. Photo Philippe Pratx.

La Moïna
Rivières salées
Versant à seaux les sueurs
Des danseurs collés

Chez Nana
Rivières salées
Qui cascadent sur les croupes
Jusqu'au petit jour

Quinze heures
Miroir coin de case
Touloulou s'habille l'âme
Fards rire doré

Jé farin
Ces purs tourbillons
Blancs de farine et de vie
Conjurent le mal

Nèg maron
Les voici lâchés
Envolée de bois d'ébène
Qui tache On recule

Manaré
Caparaçonnés
Scarabées coruscants aux
Elytres de braise

Zonbi baré yo
Chat blanc âme noire
Ta corde autour des badauds
Attache aux esprits

Bobi
Gros lourdaud gros ours
Te voici au fond du sac
Mon grognon Tout bête

Haïtiens
Des bambous vibrants
Ronflent au bout de ces bouches
Comme d'outre-tombe

Tambours
C'est le feu qui frappe
Le ventre vide des touques
Et la terre tremble

Vidangeurs
A pleins seaux puants
C'est le remugle du bagne
Qui vous monte au nez

Coupeuses de cannes
D'un sabre imprécis
Elles fauchent l'invisible
Champ des mauvais jours

Brésiliens
Paillettes samba
Cléopâtre or et azur
Petit bout de Rio

Lanmò
Quand la rue déborde
Vibre de vie soudain la
Mort au crâne gris

Vidé
Pour vider les têtes
Lasses on suit le camion
Plein de hourvari

Mariages
Voilette de tulle
Et baiser de fille en frac
Sur trois jours de barbe

Mardi Gras
Rouge rouge rouge !
Diables rouges endiablés !
Papiyon volé !

Vaval ka kité nou
Les diablesses l'ont
Piqué ! chahuté ! brûlé !
Bou-ou-ouh ! Vaval ! ! ! 
 

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