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Le français au Canada et la francophonie

par Michel Têtu

 

Lake Peyto

Lake Peyto, Banff National Park, Canada.
Photo Gianandrea Bernasconi

Parler du français au Canada en débordant la linguistique et en le situant par rapport au monde francophone n'est pas une chose aisée. Il faudrait commencer par redéfinir tous les termes. Qui parle français au Canada et où? Quel français parle-t-il? Quels rapports entretient-il avec la francophonie linguistique? et son pays avec la Francophonie institutionnelle? Il y a tant de choses à dire qu'il est bon pour classer ses idées de préciser quelques points. Mais il faut surtout se situer dans une perspective pluridisciplinaire et envisager les aspects politiques, économiques, sociaux, historiques et géographiques de la question pour compléter le sujet abordé en général sous un angle plus précisément linguistique.

Tout d'abord il faut faire la différence entre "francophonie", "Francophonie" et "espace francophone" (ou "monde francophone"). Ces trois expressions, ou syntagmes, sont parfois synonymes, mais le plus souvent complémentaires dans l'usage:
la "francophonie", avec un f minuscule, désigne généralement l'ensemble des peuples ou des groupes de locuteurs qui utilisent à l'occasion ou généralement (on dit parfois partiellement ou entièrement)1 la langue française dans leur vie quotidienne ou leurs communications.

la "Francophonie", avec un F majuscule, désigne plutôt l'ensemble des gouvernements, des pays ou des instances officielles qui ont en commun l'usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges2.

Le "monde francophone" ou "espace francophone" représente une réalité non exclusivement géographique ni même linguistique, mais aussi culturelle: elle réunit tous ceux qui, de près ou de loin, éprouvent ou expriment une certaine appartenance à la langue française ou aux cultures francophones – qu'ils soient de souche slave, latine ou créole, par exemple. Cette dénomination d'espace francophone est la plus floue, mais aussi peut-être la plus féconde3.

Dans les instances officielles de la Francophonie, chaque État ou gouvernement jouit statutairement d'un siège et d'un droit égal. C'est ce qui différencie entre autres la Francophonie du Commonwealth. Dans le Commonwealth, le chef de l'État britannique préside d'office et mène les débats. Dans la Francophonie, le chef de l'État qui accueille le Sommet devient président jusqu'au Sommet suivant. On peut ainsi théoriquement faire le tour de la cinquantaine de pays et de gouvernements participants - 54 exactement - la France ne jouissant officiellement d'aucun privilège par rapport aux autres4.

A- LE CANADA DANS LA FRANCOPHONIE

Le Canada tient beaucoup à la Francophonie et y joue un rôle important puisque comme on vient de le voir (note 2), il dispose de 3 sièges (Canada, Canada-Québec, Canada-Nouveau-Brunswick) alors qu'il n'en a qu'un au sein du Commonwealth, de fondation plus ancienne et créé spécialement pour succéder à l'empire britannique.

L'originalité du Canada dans le monde francophone tient à plusieurs facteurs:

  1. Il en est le plus grand pays. D'une grande étendue de plus de 10 000 milles km2 (9,970,610 km2 exactement), il est le 2e pays du monde par la superficie derrière la Russie (17,075,400km2)5. Il devance la Chine (9,780,000 km2), les États-Unis (9,385,000 km2) et le Brésil (8,512,000 km2).
     
    Par rapport aux autres pays francophones il est de très loin le plus vaste. Si l'Algérie6 participait à la Francophonie, elle serait deuxième avec 2,376,390 km2. Les autres pays étant par ordre décroissant le Congo (2,345,410km2), le Tchad (1,284,000km2), le Niger (1,267,000 km2), le Mali (1,240,000 km2), la Mauritanie (1,030,700km2), l'Égypte (1,001,450 km2),.la France n'ayant que 547,026km2 soit près de trois fois moins que le Québec qui à lui seul représente 1,540,680 km2. (Le Québec se voudrait d'ailleurs plus grand puisque l'Angleterre l'a amputé du Labrador qui a été attribué à l'île de Terre-Neuve: c'est une vaste zone, riche de minerais et d'un très grand potentiel hydro-électrique.)
  2. Le Canada est un pays d'Amérique. On oublie souvent que la Nouvelle-France d'avant le traité de Paris (1763) représentait la plus grande partie de l'Amérique du Nord, connue et exploitée. Le diocèse de Mgr de Montmorency Laval, premier évêque de Québec, allait de l'Atlantique aux Montagnes rocheuses et descendait jusqu'au Golfe du Mexique (la Nouvelle Orléans). Seule une bande de terre le long de l'Atlantique à partir de Boston, la Nouvelle Angleterre, appartenait à la couronne britannique et parlait l'anglais.
     
    Le Canada français y compris le Québec, n'est plus aujourd'hui partie de la France en terre d'Amérique. C'est une terre américaine dans laquelle on parle le français. On réserve souvent, à tort, le terme "américain " aux habitants des États-Unis. Pour les Québécois, la chose est claire: ils sont aussi des Américains, leurs voisins du sud étant des États-uniens.
     
  3. Le Canada va de l'Atlantique au Pacifique. De l'autre côté des Rocheuses, l'horizon se tourne vers l'Asie. La Colombie britannique - également appelée Colombie canadienne - reçoit chaque année de nombreux asiatiques venus de Hong-Kong ou d'ailleurs: on compte d'assez nombreux émigrés venus au cours des vingt dernières années du Vietnam et du Cambodge, à un degré moindre du Laos, c'est-à-dire des trois pays asiatiques de l'espace francophone.
     
  4. Le Canada est un pays jeune encore peu peuplé. Un ancien premier ministre canadien McKenzie King soutenait que le Canada avait trop de géographie et pas assez d'histoire. C'est en 20037 un pays qui avec 31,900.000 habitants a accepté et accepte encore pour mettre le pays en valeur - mais avec des restrictions désormais en raison du chômage - des émigrés de tous horizons.
     
  5. Le Canada reconnaît les cultures d'origine contrairement aux États-Unis qui favorisent le melting-pot. L'ancien premier ministre Pierre Eliott Trudeau a favorisé au cours des années 1970 le bilinguisme, mais aussi le multiculturalisme: ce qui vaut au Québec très majoritairement francophone mais minoritaire en Amérique du Nord, de compter avec les groupes d'Italiens, de Scandinaves, de Polonais, de Juifs, de Chinois, etc... minorités dans la minorité.
     
  6. Le Canada est une confédération, composé actuellement de dix provinces. On sait qu'après le retrait des Français, l'Angleterre développa le Haut Canada (en gros l'Ontario actuel à majorité britannique) qui fusionna avec le Bas-Canada (le Québec à majorité française) par l'Acte d'Union de 1840. L'Acte de l'Amérique du Nord britannique créait en 1867 la Confédération Canadienne, avec quatre provinces: le Québec, l'Ontario, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse (ces deux provinces représentant en gros l'ancienne Acadie). Puis s'ajoutèrent le Manitoba (1870), la Colombie britannique( 1871), l'île du Prince Édouard (1873), l'Alberta et le Saskatchewan (1903), et enfin Terre-Neuve (1969).
     
    Alors que le pays n'était peuplé au XVlle et XVIIIe siècles que de Français et d'Amérindiens, puis de Métis franco-indiens de langue française, le statut du français et le pourcentage de ses locuteurs dans la population totale ne firent que s'amenuiser. Selon le recensement linguistique de 1991, les francophones représenteraient à peine le quart de la population totale (24,6%) soit 6,722,150 sur 27,296,860, du moins pour ce qui est de la langue maternelle. Ils sont en fait plus nombreux à parler français au Québec que les ressortissants de langue maternelle, mais moins dans les minorités du reste du pays où le taux d'assimilation à la langue anglaise est de plus en plus important dans les milieux urbains à faible densité française.
     
    D'où il ressort que le français est conséquent dans deux provinces: le Québec (le français y est devenu seule langue officielle) et le Nouveau-Brunswick (seule province officiellement bilingue). Les autres provinces sont officiellement anglophones. L'Ontario compte une importante minorité francophone (534,900 personnes) mais qui ne représente que 5,3% de la population (10,084,885). Au Nouveau-Brunswick, les francophones sont 34,5% soit 249,988 sur 723,900 et au Québec, ils sont très largement majoritaires (82,5%) soit 5,689,520 sur 6,985,965.
     
    Comme on le voit, les provinces sont très différentes, par la superficie, la population et le statut de la langue française. Ce qui explique, étant donné leur autonomie relative, que malgré le bilinguisme officiel du gouvernement fédéral du Canada, seules deux provinces participent vraiment à la francophonie.
     
    POURCENTAGE DES FRANCOPHONES
     
    Pays, province ou territoire
    Population totale
    Langue maternelle
    Pourcentage
    Québec
    7 045 080
    5 700 150
    80,9
    Nouveau-Brunswick
    729 625
    239 730
    32,9
    Ontario
    10 642 790
    479 285
    4,5
    Manitoba
    1 100 295
    47 660
    4,3
    Île-du-Prince-Édouard
    132 855
    5 555
    4,2
    Nouvelle-Écosse
    899 970
    35 040
    3,9
    Yukon
    30 650
    1 110
    3,6
    Territoire- Nord-Ouest
    64 120
    1 360
    2,1
    Alberta
    2 669 195
    52 375
    2,0
    Saskatchewan
    976 615
    19 080
    1,9
    Colombie-Britannique
    3 689 755
    53 035
    1,4
    Terre-Neuve
    547 160
    2 275
    0,4
    Canada
    28 528 125
    6 636 660
    23,3
    Source: Statistiques Canada, 1996
     
  7. Le Canada est un pays développé du Nord. Correspondant à peu près à la Russie par la latitude et le climat dans son ensemble, il est beaucoup plus riche, participant en très grande partie de l'économie et de la prospérité des États-Unis. Il fait partie du groupe des 8 pays les plus industrialisés du monde, le fameux G8 qu'il a accueilli en juin 1995 à Halifax, Nouvelle-Écosse8.
     
    Dans l'espace francophone, le Canada est après la Suisse le pays le plus riche par tête d'habitant, si l'on excepte Monaco qui n'a que 29.972 ressortissants sur un territoire de 1,8 km2 (soit 5 millions de fois plus petit que le Canada).

    Tableau9

      Superficie (km2) Population (M) Revenu par habitant ($)
    Suisse
    41 290
    7,3
    31 700
    Monaco
    1,8
    0,029
    27 000
    Canada
    9 976 140
    31,9
    29 400
    France
    547 030
    98,8
    25 700
    Belgique
    30 510
    10,3
    29 000
    Cambodge
    181 040
    12,8
    1 500

B- LES RAPPORTS CANADA/FRANCOPHONIE

1 ) Les apports du Canada au monde francophone

Ainsi qu'on l'aura compris, le Canada joue un rôle si important et si original dans l'espace francophone que, sans lui, la francophonie serait fatalement très différente, beaucoup moins riche et beaucoup moins prometteuse qu'elle ne l'est aujourd'hui. Le Canada apporte précisément au moins quatre particularités intéressantes: c'est un pays d'Amérique sans passé colonial, un pays riche, un grand pays et un pays de langue maternelle française au moins pour une partie conséquente de sa population.

Le général de Gaulle, après avoir réussi la décolonisation de la plupart des pays africains, arabes et asiatiques, tenta de reconstruire, mais sans succès cette fois, une sorte de communauté sur une base volontaire et plus égalitaire. L'Union française créée le 13 octobre 1946 n'avait pas fonctionné, dans la tentative maladroite de concilier l'affirmation d'égalité et la volonté de la France de diriger tout l'attelage10. On était méfiant devant la perspective d'une communauté française avec des états semi-autonomes. De Gaulle était persuadé de son utilité après la proclamation des indépendances, mais ne voulait pas être l'objet d'une autre rebuffade après que le Guinéen Sékou Touré ait fait voter "non" au grand référendum africain de 1958. Léopold Sédar Senghor tenta de réunir les pays africains et malgache avec la France, mais ne put obtenir de résultat concret.

Avec le voyage du général de Gaulle au Canada en 1967 et son célèbre "Vive le Québec libre ", les perspectives changent. La solidarité de la communauté française de part et d'autre de l'Atlantique est évoquée; elle va peu à peu s'organiser avec des conférences ministérielles (la première ayant été celle des ministres de l'éducation de langue française) et le développement des organisations internationales non gouvernementales dont l'Association des Universités partiellement ou entièrement de langue française (AUPELF) créée à Montréal où elle fixe son siège, à partir du regroupement en 1961 de 33 universités, francophones en totalité ou en partie.

Le Canada et le Québec attirent les Africains qui redoutaient d'être seuls en face de la France. Les problèmes internes du Canada provisoirement réglés avec le retrait de la vie politique de Pierre Eliott Trudeau qui refusait absolument de faire une place pour le Québec dans l'organisation de la Francophonie, le premier Sommet pourra être enfin convoqué par François Mitterrand à Paris en février 1986. Les pays africains et les pays sous-développés francophones regardent d'autant plus vers le Canada qu'il est un pays riche. Son absence de passé colonial et sa richesse redoublent le phénomène d'attirance. On ne sera plus obligé de se tourner uniquement vers la France pour se procurer de l'aide: le Canada pourra intervenir lui aussi. On prendra parfois un malin plaisir de mettre les deux pays en compétition voire en concurrence.

Et comme on l'a vu plus haut, la taille du Canada compense heureusement la petitesse de nombreuse îles de la Caraibe (Haïti, Dominique, Ste-Lucie), de l'Océan indien (Maurice, Seychelles, Comores) ou du Pacifique (Vanuatu) sans compter les départements et territoires d'outre-mer de la France (Martinique, Guadeloupe, Guyane, Saint-Pierre et Miquelon, Réunion, Tahiti, Nouvelle Calédonie). Il représente à lui seul les 2/5 de l'espace francophone (environ 10 millions de km2), le reste de tous les autres pays francophones ne totalisant pas 15 millions de km2. Même s'il est peu peuplé, il donne ainsi une autre dimension à la Francophonie.

Enfin, c'est un pays de vieille langue maternelle française, du moins pour le Québec, l'Acadie et les communautés minoritaires francophones réparties dans le reste du pays. Voilà qui rassure aussi les anciens colonisés de la France: le Canada a un parler original par rapport à la France; il tient souvent à garder ses distances vis-à-vis du français de France et ne pas se fondre dans le supposé "français international". Les Français, d'ailleurs un peu dédaigneux de l'accent canadien qui leur paraît archaïque et campagnard, persistent en général à préférer "l'accent français", sans se rendre compte qu'il y a en plusieurs, à commencer par celui du midi bien connu de tout le monde.

Ainsi le Canada, apportant à la Francophonie une vision différente de celle de la France, rééquilibre les données Europe/Afrique, transformant un axe Nord-Sud en un échange triangulaire Europe/Afrique / Amérique.

2- Les apports de la Francophonie au Canada

Mais en retour, le Canada reçoit aussi beaucoup de la Francophonie. C'est d'abord une sorte de pendant du Commonwealth britannique qui permet au Canada de mieux vivre son bilinguisme, de satisfaire plus équitablement les intérêts de ses citoyens francophones et d'être lui aussi plus équilibré.

On a dit souvent que c'était le français qui différenciait le Canada des États-Unis. Par son appartenance à la Francophonie, le Canada se rééquilibre aussi vis-à-vis de son imposant voisin, en se donnant de nouvelles perspectives plus vastes.

La francophonie lui permet encore d'accéder à une vision du monde autre qu'américaine et anglo-saxonne. C'est l'accès à un langage différent, de nouvelles fenêtres ouvertes sur le monde en particulier africain et de nouveaux rapports avec la France.

3- Les apports de la francophonie au Québec et au Nouveau-Brunswick

Le Québec et le Nouveau-Brunswick reçoivent le plus, cela va de soi, de la francophonie. Le Nouveau-Brunswick est petit par sa population, moins riche que le Québec et moins connu. Depuis quelques années toutefois, la francophonie semble lui avoir donné un nouvel essor en lui permettant d'affirmer son bilinguisme et de nouer des contacts internationaux. On a vu comment il a été apprécié au Sommet de Maurice alors qu'il remettait à ce pays la traduction, établie par des juristes acadiens, de sa constitution jusqu'alors uniquement anglaise. L'Université de Moncton s'est en effet spécialisée avec succès dans l'enseignement de la Common Law en français, ce qui lui donne un certain "leadership" auprès des autres pays bilingues anglais/français appartenant à la Francophonie: Maurice, Seychelles, Cameroun, Ste-Lucie et Dominique pour les principaux.

Pour le Québec qui revendique son autonomie depuis des années, la Francophonie procure une tribune internationale hors-pair. Le gouvernement fédéral est normalement responsable de tout ce qui est extérieur: c'était l'argument essentiel de Pierre Eliott Trudeau pour tenir le Québec de l'écart des tractations internationales. Ses successeurs furent plus souples et le Québec a pu ainsi faire entendre sa voix un peu partout. Il est de plus en plus connu, reconnu et apprécié au sein de la francophonie.

Le monde francophone lui apporte aussi des modèles, différents du modèle français vers lequel il s'était bien entendu tourné pour se fortifier pendant des années. Le Québec se définit souvent de manière négative: ni anglais, ni états-unien, ni français. La francophonie lui permet de dégager plus facilement sa personnalité sans qu'il soit écrasé par un modèle trop fort. C'est une bouffée d'oxygène qui lui permet de jauger ses expériences, ses réussites et ses échecs. Par rapport à la culture française, la culture québécoise peut paraître jeune, un peu légère au poids de l'histoire. En se situant au milieu de pays dont plusieurs ont acquis leur indépendance depuis une trentaine d'années, il peut se comparer avantageusement.

C- LE FRANÇAIS DU CANADA DANS L'ESPACE FRANCOPHONE

La célèbre comédienne française Françoise Rosay avait été fascinée par le Canada lorsqu'elle y vint pour la première fois en 1950. Elle y trouva la vie facile mais en même temps le système très compliqué. Interrogé par un journaliste qui lui demandait son opinion sur Montréal elle répondit avec humour: "c'est une ville très belle, d'architecture anglaise, où les gens parlent français dans d'énormes voitures américaines".

Comment se situe dans de telles conditions le français des Canadiens? Il ne conviendrait pas de reprendre sa description. Cela a été fait et bien fait11. Il est important d'insister néanmoins sur un point qui découle de ce qui a été dit précédemment Le modèle du français au Canada, c'est le français du Québec. L'expression "français du Canada" sera de plus en plus délaissée au profit de "français québécois", des variantes comme le " français acadien " qui lui-même a ses propres variantes dont le "français louisianais" provenant de l'Acadie du Sud ou l'Acadie tropicale12.

1- Le français du Québec et le français du Canada

L'évolution du Québec vers une plus grande autonomie est assurée, qu'il aille ou non jusqu'à l'indépendance. Il est le chef de file de toutes les communautés francophones qu'il influence nécessairement. Pensons à Radio-Canada (télévision et radio) dont la plupart des émissions dites " nationales " proviennent de Montréal. Il en est de même pour TV5 la chaîne internationale francophone de télévision qui reprend pour l'Amérique du Nord les grandes émissions de Radio-Canada, ou de Radio Québec et en diffuse quelques-unes qui lui sont propres, toujours de Montréal, telle " Vision d'Amérique " la plus connue. Les journaux de grande diffusion de langue française viennent du Québec (Le Devoir, la Presse, le Soleil, le Journal de Québec ou de Montréal). Quant aux éditeurs, malgré l'essor remarquable des maisons d'édition de l'Ontario (en particulier à Ottawa), de l'Acadie (à Moncton) et dans l'Ouest (surtout au Manitoba), la majorité d'entre elles et les plus grandes sont installées au Québec. Antonine Maillet par exemple publie aux Éditions Leméac à Montréal bien que ses ouvrages soient tous profondément enracinés en terre acadienne.

Le modèle québécois ne peut que croire et se développer dans les minorités alors que pour résister à l'anglais, on se raccroche à la partie française la plus dynamique du Canada, c'est-à-dire le Québec. Cela ne veut pas dire que les Canadiens-français hors Québec voient d'un bon oeil tout ce qui vient du Québec. Au contraire, on se méfie et particulièrement de ses vues séparatistes. Il y a quelques décennies, il n'était pas rare d'entendre au Québec l'expression "maudits Français " pour qualifier les citoyens de l'hexagone que l'on envoyait au diable à cause de leur prétention - en particulier en ce qui concerne le beau langage. Aujourd'hui, cette expression n'est plus guère employée, mais en revanche on entend à l'occasion "maudits Québécois" dans la bouche des franco-ontariens (qui prétendent désormais au titre d'Ontarois, correspondant à Québécois, comme les Fransaskois, francophones de la Saskatchewan). Lorsque deux francophones s'adressaient en français à Toronto il y a vingt ans, ils pouvaient se faire dire "speak white" comme l'auteur de cet exposé l'a réellement entendu13. Aujourd'hui on leur conseille plutôt de "retourner au Québec", ce qui est significatif.

On doit encore ajouter qu'à notre époque, moderne, audiovisuelle et informatique, l'influence des grands-parents est beaucoup moins sensible que celle des médias ou des hommes politiques. Dans les minorités par conséquent, le français traditionnel et familial est peu à peu remplacé par celui que l'on entend à la télévision où les personnalités marquantes de la scène politique sont quasi toutes québécoises. Le Premier Ministre du Canada, chef du parti libéral, Jean Chrétien, est Québécois; son successeur annoncé Paul Martin est député de Montréal; le chef de l'opposition, également chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, est bien entendu Québécois. Ainsi lorsqu'un francophone d'une minorité entend un homme politique canadien parler français, il s'agit le plus souvent d'un Québécois. Ce qui fait que même fédéraliste, il va prendre de plus en plus les tournures langagières du Québec, ne gardant comme particularités que quelques expressions et un accent régional.

2- L'évolution du français québécois vers le français standard

On a noté au cours de l'histoire contemporaine les courants dialectiques qui ont marqué l'évolution du français du Québec. Depuis 1960, la norme n'est plus obligatoirement le "français de France" comme il l'était auparavant: on regrettait alors les archaïsmes, les anglicismes et la plupart des originalités du langage dont seules quelques-unes trouvaient grâce auprès des censeurs qui les promouvaient alors comme "canadianismes de bon aloi ".

Avec la Révolution Tranquille des années soixante, le joual se développa, en particulier dans le roman (le Cassé) mais surtout au théâtre (les Belles Soeurs et toutes les premières pièces de Michel Tremblay). Il fallait sortir de l'état de dépendance linguistique vis-à-vis de la France, comme on était en train de le faire de la dépendance financière et politique anglo-saxonne. Albert Memmi a bien montré dans son Portrait du colonisé le processus que de son côté le psychiatre martiniquais Franz Fanon étudiait pour les Antilles dans Peau noire, masques blancs14. Il fallait descendre au plus profond de soi pour retrouver son identité après qu'elle ait été confisquée par l'extérieur. On écrit mal pour refléter le mal vivre (Chamberland). Il faut descendre aux Enfers chercher son Eurydice même si on sait qu'on ne pourra la remonter et qu'il faudra refaire sa vie autrement (Roch Carrier). On préférera alors, s'il le faut, un modèle minoritaire extérieur au modèle dominant de l'intérieur. C'est ainsi que la négritude de Césaire inspirera Gaston Miron tandis que Vallières et Gagnon publiaient Nègres blancs d'Amérique.

Le contact avec la francophonie va produire un double courant de renforcement de sa personnalité et de retour au français. Une fois qu'on a écrit au Québec pour se retrouver, on veut communiquer avec les autres et on a conscience que le joual enferme (cf. le Joual de Troie de Jean Marcel, Éd. du Jour, 1973). Cette constatation avait déjà été faite dans le domaine de l'éducation par le Frère Untel15. "Cette absence de langue qu'est le joual est un cas de notre inexistence, à nous, les Canadiens français" disait-il lorsqu'il s'évertuait à faire comprendre que si l'on veut " peinturer " une grange, un morceau de bois ou un chiffon trempé dans la chaux peut suffire tandis que "pour peindre la Joconde il faut se doter d'instruments plus fins".

Mais c'est surtout le contact avec la France retrouvée dans la francophonie (les accords de coopération franco-québécois ont été signés après la visite du général de Gaulle) et les rencontres avec les Francophones des autres pays dans les réunions de l'AUPELF, de l'Association des journalistes de langue française, des conférences des ministres etc. qui permettent aux Québécois de se rendre compte qu'on peut être Francophone sans être Français, et qu'il est important de développer une langue de communication à l'échelle de la francophonie.

Le rôle de la presse et des médias et les échanges entre les pays de langue française furent déterminants. Le Québec accédait à la francophonie en même temps qu'il accédait à la modernité. Il pouvait alors retrouver la France avec un nouveau regard et se redéfinir plus justement face à elle.

3- Le français québécois

C'est ainsi que peu à peu on se mit à parler de "français québécois" au moment où un groupe de l'AUPELF procédait à l'inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire (Projet IFA de 1975 à 1982)16; En même temps les dictionnaires français s'ouvraient à des belgicismes, helvétismes et canadianismes. L'année 1983 marque en cela un changement important comme on peut le constater en comparant les éditions successives des dictionnaires Larousse, Robert, Bordas et Quillet-F1ammarion. On sait la francophonie en retard dans ce domaine. L'Académie royale d'Espagne publiait dès 1871 un dictionnaire qui faisait place aux créations lexicales et aux variations sémantiques des régions hispanophones. Pour la France, seul a compté jusqu'en 1980, un siècle plus tard, le sens hexagonal du mot français. Cette situation paradoxale – la France se voulant chef de file d'une communauté égalitaire et ne retenant pas les besoins langagiers de chacun – n'a pas manqué de conséquences sur le Québec. Il a fallu qu'il fasse sa propre expérience et s'impose pratiquement à la France par sa puissance économique et politique.

Aujourd'hui, par ses exagérations mêmes, le Dictionnaire du français plus, très généreux et ne faisant aucune différence entre les mots du français standard et les mots uniquement québécois, le Dictionnaire québécois d'aujourd'hui publié hâtivement par Robert et qu'on a dû reprendre17, le Québec a fait preuve utile à la francophonie. Il a montré la nécessité de publier dans les meilleurs délais un Dictionnaire pan-francophone qui permettrait d'avoir accès non seulement aux mots de France, mais ceux de toutes les régions francophones (au moins les principaux) intégrés à ceux du français standard. Espérons que la maison Hachette mène à bien l'entreprise qu'elle a commencée après que Larousse et d'autres l'aient provisoirement abandonné, se contentant d'insérer en général en fin d'ouvrage des annexes concernant les particularismes lexicaux qui semblent les plus évidents pays par pays.

La personnalité québécoise ne se limite pas au lexique. Elle touche tous les aspects de la langue dont le Québécois a surtout une connaissance globale. Fait étonnant, pendant des années, la majorité des Québécois pensaient qu'ils parlaient mal. En 1993, un sondage effectué par l'Université de Sherbrooke – et commenté par Pierre Martel et Hélène Cajolet Laganière – aboutissait à des conclusions tout à fait différentes. La grande majorité, soit 90% des personnes interrogées, sont d'avis qu'elles "écrivent très bien", "assez bien" et sans faire trop de fautes en français. Leur perception est tout aussi positive en ce qui a trait à la langue orale"18. Ce sondage confirme l'enquête de la Presse de 1989. Soixante-seize pour cent des étudiants interrogés affirmaient alors qu'ils écrivaient" assez bien " le français, et 13% "très bien" (la Presse, 20 mars 1989). La plupart étaient toutefois conscients de leurs faiblesses en grammaire et en orthographe.

"Pour assurer sa survie, une langue de qualité est aussi importante que son statut. En effet, l'existence d'une langue ne peut-être préservée uniquement par des lois; son maintien et son développement dépendent du dynamisme de la communauté qui la parle. Son épanouissement repose sur l'essor économique, politique, culturel et national de la société qui s'exprime au moyen de cette langue ".

Cette constatation de Pierre Martel et Hélène Cajolet-Laganière dans le livre cité plus haut est importante. Ils ajoutent d'ailleurs, rejoignant la francophonie. "Cette langue aura" d'autant plus d'attrait qu'elle sera universelle et utile pour le développement individuel et collectif ". Et ils en arrivent à la conclusion que la qualité s'est améliorée bien que ce ne soit pas toujours suffisant partout au Québec tant pour le français écrit que pour l'oral. "Nous ne concluons ni à la catastrophe ni à la satisfaction complète" (p. 154). Le Québec aura donc besoin d'être vigilant et d'accompagner par des actes législatifs la volonté des Québécois de "vivre en français".

4- L'influence du français québécois dans l'espace francophone

La France a été la première à réagir à cette affirmation linguistique du Québec. Désolée de la mauvaise qualité qu'elle se plaisait à relever autrefois, elle s'est réjouie des différentes lois québécoises destinées à redresser la situation vis-à-vis de l'anglais. Elle a dû prendre conscience de la nécessité pour elle-même d'ajuster son vocabulaire pour tenir compte des québécismes d'une part, mais surtout pour s'enrichir des néologismes technologiques.

L'Office de la langue française créé en 1961 au Québec avait entrepris dès sa fondation de publier des lexiques techniques dans les principaux domaines de l'activité professionnelle. On sait, par exemple, le succès de l'industrie hydro-électrique québécoise, entreprise nationalisée qui réalisa des barrages sur le Manicouagan et la rivière la Grande près de la baie James. Pour ne pas utiliser le vocabulaire anglosaxon, du reste insuffisant, il fallut inventer des mots. L'électricité de France les reprit; elle utilise aujourd'hui avec bonheur des termes québécois tel fameux "harnachement" d'une rivière qui désigne sa domestication aux fins de production d'électricité.

La France est accueillante aux anglicismes en raison d'un certain snobisme contemporain. La loi Toubon, en 1994, a dû réagir contre cette attitude de relâchement vis-àvis des mots et des tournures anglo-saxons. La loi s'inspire du modèle québécois cité dans le préambule. Il n'est qu'un point où la France, pour l'instant, a du mal à suivre le Québec, c'est la féminisation des termes. Le Secrétaire perpétuel de l'Académie française, M. Maurice Druon avait fait savoir son désagrément lorsqu'en 1994 la Belgique décida de féminiser les termes officiels; le Québec et la Suisse l'avaient fait depuis de longues années. M. Druon s'indigna devant des expressions telles que Mme la juge etc... C'est pourtant moins choquant comme on l'a fait remarquer que de dire: "le président directeur général vient d'accoucher".

Les écrivaines et les professeures du Québec arriveront-elles à persuader leurs homologues françaises? Il faudra encore un peu de temps sans doute.

En ce qui concerne les autres pays de la Francophonie, l'attitude québécoise a fait tache d'huile. Elle a permis à beaucoup de pays, africains entre autres, d'oser affirmer leurs différences linguistiques. La chanson y a certainement été pour quelque chose. On ose aujourd'hui "berberiser", "sénégaliser" pour faire plus "qu'africaniser". La chanson québécoise des Leclerc, Vigneault et Charlebois et plus encore la chanson rock a prouvé que l'anglais n'était pas la seule langue des rythmes modernes. Les Québécois ont été les entraîneurs de la chanson francophone. Le Festival d'été de Québec qui a poursuivi l'initiative de la " Super franco-fête " de 1974 a été imité par d'autres festivals (le "printemps" de Bourges, les "francofolies" de Larochelle... qui témoignent à leur tour que la chanson francophone est rentable).

Conclusion

Les limites de cet exposé ne nous permettent que d'aborder à grands traits les rapports du Canada et de la francophonie, les influences réciproques et les interférences entre le français du Québec et le monde francophone.

On aura retenu au moins que le Québec, complexe et original, ne peut se passer de la francophonie et en retour que le monde francophone s'enrichit beaucoup de la présence du Québec et du Canada. Au niveau de la langue, l'évolution du Québec a joué un rôle déterminant pour faire bouger le français, en France et ailleurs. Sans le Québec, la Francophonie se limiterait essentiellement à des échanges franco-africains qui, étant donné les rapports d'ex-colonisateurs à ex-colonisés, auraient été très difficiles et beaucoup moins fructueux.

"La majorité des francophones n'est plus française " rappelait avec à propos M. Jean-Louis Roy, secrétaire général de l'Agence de Coopération culturelle et technique (ACCT) dans son livre la Francophonie - Le projet communautaire19 ". Cela a été vécu par certains Français comme dramatique au fur et à mesure que le français perdait de son poids sur la scène internationale. On se rend compte aujourd'hui que c'est positif. Le Québec et le Canada ont souvent relevé le flambeau; ils le font de plus en plus sur la scène internationale dans le cadre de la Francophonie et même au dehors. Le fait que la littérature française soit considérée désormais au Québec - au moins pour la contemporaine - comme une littérature étrangère doit être senti comme important: c'est la preuve que le Québec a accédé à un niveau de langue et de littérature tel qu'il peut se tenir debout seul. Robert Charbonneau dressait dès 1947 le constat de l'écart qui séparait désormais le Québec de la France. Mais c'est dans la volonté de participer activement au développement de la francophonie que les Québécois peuvent reprendre maintenant le titre d'un de ses livres La France et nous20.

À CONSULTER

En plus des ouvrages cités en notes, on pourra consulter L'Année francophone internationale depuis 1992.

ALLAIRE, Gratien, La Francophonie canadienne: portraits, Sudbury/Québec, Prise de parole/CIDEF-AFI, 2001 (rééd.), 222 p.

BÉLANGER, Henri, Place à l'homme. Éloge du français québécois, Montréal, HMH, 1972, 254 p.

CHAUPRADE, Aymeric, L'espace économique francophone, préf. de Steve Gentili, Paris, Ellipses, 1996, 154 p.

CORBEIL, Jean-Claude, " Comment orienter l'usage d'une langue " in La linguistica aplicata, cicle de conferencies, Universitad de Barcelona, 1990, p. 79-85.

DION Robert, LÜSEBRINK Hans-Jürgen et János RIESZ (dir.), Écrire en langue étrangère : interférences de langues et de cultures dans le monde francophone, Québec, Nota bene, coll. Les cahiers du Centre de recherche en littérature québécoise, n° 28, 2002, 566 p.

DUMONT, Pierre, L'Interculturel dans l'espace francophone, Paris-Montréal, L'Harmattan, 2001, 209 p.

EL TIBI Zeina, Le Québec, l’Amérique en français, Paris, ID Livre coll. Esquilles, 2002, 207 p.

GENDRON, Jean-Denis, "La norme et les critères de normalisation du langage au Canada" in Zeitschrift der Gesellschaftfür Kanada Studien, Verlag, Neumünster, Jahragang, n°2, 4, p. 5-24.

MAURAIS, Jacques, "Le rôle de la langue dans l'identité québécoise", in Cahiers francophones d'Europe centre-orientale, PécsNienne, n°1, 1991, p. 15-28.

MENEY, Lionel, Dictionnaire québécois-français, Montréal, Guérin, 1999, 960 p.

MIDIOHOUAN, Guy Ossito, Du bon usage de la francophonie, Porto Novo (Bénin), éd. CNPMS, 1994, 230 p.

PLOURDE, Michel, La politique linguistique du Québec, 1977-1987, Québec, IQRC, 1988, 144 p.

REY, Alain (dir.), Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Dictionnaires Le Robert, 1992, 2 vol.; vol. 1 : p. 1-1156; vol. 2 : p. 1157-2383.

VILLERS, Marie-Éva de, Multidictionnaire de la langue française, Montréal, Québec-Amérique, 2001, version électronique.

WALTER, Henriette, L'Aventure des mots français venus d'ailleurs, Paris, Robert Laffont, 1998, 345 p.

Notes

1Ainsi appelait-ton AUPELF, l'Association des universités partiellement ou entièrement de langue française, qui est devenue l’AUF, l’Agence universitaire de la Francophonie.

2 La formule "qui ont en commun l'usage du français" a été modifiée à la suggestion de M. Maurice Druon, Secrétaire perpétuel de l'Académie française lors du 5ème Sommet de la Francophonie à Maurice (16 au 18 octobre 1993). On parle désormais dans la terminologie officielle de "Conférence des chefs d'État et de gouvernement des pays ayant le français en partage". On notera à l'occasion que si État s'écrit avec une majuscule, gouvernement l'est de nouveau avec une minuscule contrairement à l'usage qui s'était établi avec le 2e Sommet de Québec en 1987 afin que les partenaires soient sur un pied d'égalité, chefs d'État ou chefs de gouvernement à l'intérieur d'un État: il s'agit en fait du chef du gouvernement du Québec et de celui du Nouveau-Brunswick, deux provinces dites "francophones" du Canada qui siègent de plein droit puisque, selon la constitution canadienne, les provinces sont souveraines en plusieurs domaines dont l'éducation et la culture.

3 Cf. L'Année francophone internationale, éd. 2004, Au lecteur, p. 8.

4 On consultera sur ce sujet le chapitre consacré au Commonwealth dans l'ouvrage de Michel Tétu, la Francophonie, histoire, problématique, perspectives, préface de L. S. Senghor, Montréal, Paris, Guérin littérature/Hachette, 1987-1988; 3e édition, Montréal, Guérin universitaire, 1992, 428 p. cf. chapitre 12. "Francophonie, Commonwealth: les différences", p. 255 à 269.

5 L'ancienne URSS comptait 22,400.00km2, mais depuis son éclatement, on sait que plusieurs républiques ont refusé de s'unir à la Russie pour former une nouvelle fédération.

6 L'Algérie a refusé jusqu'ici de participer à la Francophonie, pour des raisons politiques. La France a beau être son partenaire privilégié (client et fournisseur), elle reste aux yeux du gouvernement algérien l'ancienne puissance coloniale dont il a fallu se débarrasser par la guerre. Le français reste extrêmement important même si on prône officiellement la langue et la culture arabes. L'Algérie toutefois se rapproche de plus en plus de la Francophonie depuis le Sommet de Beyrouth (2002) auquel elle a assisté. Elle assistera au prochain Sommet de Ouagadougou.

7 Selon les données les plus récentes, alors que le tableau comparatif des provinces canadiennes remonte au dernier recensement officiel de 1996, ce qui explique la différence des chiffres.

8 Le G8 comprend les États-Unis, la France, l'Angleterre, l'Allemagne, l'Italie, le Canada, le Japon et la Russie. Participe généralement aux sommets de ces pays, le président de la Commission européenne (et parfois le Secrétaire général de l'ONU).

9 Pour un tableau plus complet de tous les pays francophones, se reporter à la carte couleur insérée dans l'Année francophone internationale.

10 On peut en juger par le préambule de la constitution de l'Union française: " l'Union française est composée de nations et de peuples qui mettent en commun ou coordonnent leurs ressources ou leurs efforts pour développer leur civilisation respective, accroître leur bien-être et assurer leur sécurité. Fidèle à sa mission traditionnelle, la France entend conduire les peuples dont elle a pris la charge, à la liberté de s'administrer eux-mêmes et de gérer démocratiquement leurs propres affaires ".

11 Je me dois de mentionner encore une fois l'étude magistrale de Lothar Wolf Französische Sprache in Kanada, Munchen, Verlag Ernst Vôgel, 1987, 418 p.

12 Le terme de cajun (anglais) ou cadjun ou encore cadjin utilisé parfois en français est fautif. Il faut écrire cadien provenant de la déformation en Louisiane, après la déportation des Acadiens (1755): l'Acadie est devenue la Cadie et donc les Acadiens des Cadiens. Quant à l'Acadie, elle a suivi pendant longtemps un parcours parallèle à celui du Québec. Aujourd'hui, malgré son renouveau et à cause de sa faible population, elle est passablement influencée par le Québec.

13 Une mauvaise blague voulait même que s'il y avait des noirs aux États-Unis et des francophones au Canada, c'est que comme toujours les Étatsuniens avaient eu le 1er choix.

14 Jacques RENAUD, Le Cassé, Montréal, Parti pris, 1965.
Michel TREMBLAY, Les Belles-Soeurs, Montréal, Éd. Léméac, 1968.
Albert MEMMI, Portrait du colonisé, préface de Jean-Paul Sartre, Paris, Coréa, 1957. (Une édition subséquente avec un chapitre consacré au Québec paraîtra à Montréal en 1973 aux Éditions de l'Étincelle).

15 Les Insolences du frère Untel, Montréal, les Éditions de l'homme, 1960. Le plus gros succès de librairie des débuts de la "Révolution tranquille".

16 Inventaire des particularités lexicales du français en Afrique noire, Montréal, Paris, AUPELF/ACCT, 1983, 552 p.

17 Dictionnaire du français plus, Montréal, Centre éducatif et culturel 1988, 1856 p. Le Robert. Dictionnaire québécois d'aujourd'hui, Paris/Montréal, Dictionnaires Le Robert/ MicroRobert Inc., 1992. Nouvelle édition 1993.

18 Hélène CAJOLET-LAGANIÈRE, Pierre MARTEL, La Qualité de la langue au Québec, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1995, p. 31.

19 Jean-Louis ROY, La francophonie. Le projet communautaire, Montréal, HMH, 1993.

20 Robert CHARBONNEAU, La France et nous, Montréal, Éditions de l'Arbre, 1947.

 
 
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