Guide des milieux naturels

La Réunion-Maurice
Rodrigues

Frédéric Blanchard
 

Guide des milieux naturels
Guide des milieux naturels
2000. ISBN 2-84138-099-8, éd. Ulmer, Paris.

Un guide pour les naturalistes et les voyageurs curieux. La première partie du ce livre est consacrée au contexte géographique, climatique, géologique et humain de l'archipel des Mascareignes, ainsi qu'à différents thèmes d'ordre général tels que l'évolution des espèces, l'endémisme, la colonisation végétale et animale de ces trois îles, la biologie des plantes des forêts tropicales, la sauvegarde du patrimoine. La seconde partie, décrit les différents milieux naturels rencontrés sur ces îles, en suivant l'étagement de la végétation, du littoral jusqu'aux hautes altitudes. Pour chaque milieu, sont présentées les particularités écologiques et leurs conséquences sur la végétation. De nombreux encarts abordent des thèmes complémentaires sur la faune, la flore et leurs relations.

Frédéric Blanchard est ingénieur agronome, phytosociologue, spécialiste de la protection des milieux naturels et de la biologie de la conservation. Il a passé plus de deux ans à La Réunion, où il a notamment travaillé pour la DIREN sur l'étang de Saint-Paul.

Avant-propos

Volcans surgis des mers il y a quelques millions d'années, les îles océaniques de La Réunion, de Maurice et de Rodrigues vont constituer d'extraordinaires laboratoires naturels de l'évolution. Les navigateurs, naturalistes et explorateurs en quête d'épices et de nouvelles terres vont observer une vie foisonnante aux espèces étranges et inconnues dont le plus célèbre reste le Dodo de l'île Maurice. L'homme qui s'implante définitivement aux Mascareignes au XVIIe siècle va, par son ignorance, boule-verser irréversiblement le fragile équilibre écologique de ces îles jusque-là restées vierges. La plupart des espaces naturels seront perturbés, exploités ou purement et simplement détruits. Le bilan actuel est catastrophique. Actuellement, il ne reste que 25 % des habitats naturels primaires à La Réunion, moins de 3 % à Maurice, pratiquement aucun à Rodrigues. En moins de 300 ans, de nombreuses espèces animales vont disparaître dont des formes tout à fait originales et uniques comme les tortues et les lézards géants, ainsi que plusieurs oiseaux ayant perdu la capacité du vol (Dodo, Solitaires, Râles). La flore résistera un peu mieux mais les espèces végétales en voie de disparition sont légion.

C'est grâce aux connaissances et aux travaux scientifiques et naturalistes que de nombreuses espèces ont échappé à l'extinction et pourront à l'avenir être sauvées. L'ampleur de la tâche est énorme. Loin d'être des sciences anciennes et figées, la taxonomie, l'étude des groupements végétaux et en général les recherches naturalistes doivent être encouragées et financièrement soutenues. C'est donc une prise de conscience générale, la collaboration étroite, locale et internationale, des organisations scientifiques et associatives et des choix politiques clairs qui pourront assurer l'émergence d'une stratégie globale de préservation du patrimoine naturel de ces trois îles. Cela implique de poser et de résoudre de bien nombreuses autres questions ayant trait à l'aménagement des territoires, à l'urbanisation, à la démographie, aux problèmes sociaux et aux développements économiques et touristiques des îles en général.

La sensibilisation des habitants ou des touristes s'inscrit dans cette voie. Si un certain nombre d'ouvrages permettent actuellement d'aborder plu-sieurs sujets environnementaux (oiseaux, vertébrés, flore, etc.), mis à part le livre de Joseph Guého sur la végétation de l'île Maurice (1988) et la thèse universitaire de Thérésien Cadet sur la végétation de La Réunion (1980), aucune synthèse récente n'avait tenté de décrire les habitats naturels des Mascareignes. Nous avons ainsi voulu répondre à cette absence, en espérant que notre livre puisse initier de nouvelles vocations de naturalistes et de protecteurs de la nature, ou plus simplement de répondre aux questions des curieux.

Les paysages fabuleux des zones montagneuses et des reliefs escarpés, la luxuriance et l'architecture des forêts, des récifs coralliens aux habitants multicolores, le chaos offert par le jeu des coulées de laves et des scories du Piton de la Fournaise, la beauté des jardins et des cases créoles, la présence d'un important contingent d'espèces endémiques, l'observation des parades des Gobe-mouches de paradis dans les sous-bois sombres des forêts, du vol des Pailles-en-queue au-dessus de vertigineuses falaises, de l'éclair bleu métallique d'un papillon dans les hauteurs de la canopée, du comportement alimentaire des geckos diurnes aux couleurs vives et de bien d'autres curiosités ne peuvent pas laisser indifférent. Le spectacle toujours renouvelé que nous offre la nature aux Mascareignes nous permet de rêver et d'oublier un temps, les graves menaces qui se posent sur une flore et une faune irremplaçable.