Ayiti

Gargotte politique haïtienne!

Jean Erich René
 

En automne prochain, sur quels critères les électeurs et les électrices vont-ils axer leurs préférences? L’opinion publique n’est pas renseignée sur les projets de certains candidats pour le progrès économique et l’avancement social d’Haïti. Exception faite du RNDP et du MIDH qui, bon an mal an, ont couché sur du papieret sur le net quelques lignes mal articulées en guise de programme ou de plan de Gouvernement, les autres Partis politiques restent muets. Comme les papillons de la St Jean ils sont en train de folâtrer sur la scène politique sans aucun plan.

Et il en reste plus qu’un! Qu’ils soient de Gauche ou de Droite nos leaders politiques n’ont aucun charisme. Ils sont intimidés par la présence de l’ONU, timorés par le climat de violence. En une telle occurrence les électeurs ne sauront pour qui voter faute d’une base rationnelle d’orientation.

Au prochain scrutin, la politique du pire sera de mise et on ne doit pas s’attendre à ce que le meilleur gagne mais que le moins mauvais triomphe. Les suffrages exprimés seront faibles. L’effet de baume escompté des prochaines élections pour la paix en Haïti est une utopie. Un Chef d’Etat issu d’un Parti sans programme et sans idéologie n’aura pas plus de valeur que du papier carbone pour la reproduction fidèle des dictées étrangères.

Ce dysfonctionnement du système politique haïtien est dû au manque d’éthique de nos leaders. Beaucoup d’entre eux refusent d’admettre leur obsolescence, leur caducité ou leur incapacité. La politique est une affaire de génération les discours de certains soi-disant leaders n’ont plus d’écho. D’autres n’ont ni envergure ni surface et ne peuvent par conséquent organiser la résistance face à l’ingérence internationale.

Cette mésaventure affecte davantage les Socialistes qui, le cas échéant, pourraient mieux faire entendre leurs voix. Certains de nos leaders socialistes à cause de leur opportunisme ne jouissent d’aucune confiance.

Ils n’ont aucun pouvoir de mobilisation. Un malaise politique est ressenti particulièrement au sein des Partis de Gauche. L’OPL n’arrive pas encore à se remettre de la mort de Gérard Pierre Charles à cause de cette coupure observée au niveau de la poursuite des démarches politiques et des scandales financiers qu’on cherche à étouffer. Certains camarades n’étaient pas aussi socialistes qu’on le croyait. Les Partis politiques sur place ne sont pas représentatifs de la majorité nationale. Sans aucun souci de programme politique nos leaders cheminent comme des fantômes. Ils sollicitent en leurs faveurs l’attention des Institutions Internationales.

Au retour de sa mission de 5 jours en Haïti, le Secrétaire général adjoint des Nations Unies de Peace keeping Jean-Marie Guehenno, affirme qu’il est impossible à 100 jours des élections de vaincre la violence. Le climat haïtien rappelle Darfur au Soudan qui a connu le pire désastre humanitaire au monde. La cérémonie religieuse au Bel Air a été troublée par des tirs nourris malgré la présence d’un puissant dispositif de sécurité.

Un compromis a été trouvé la veille avec les chimères pour une trêve et le Gouvernement a dû verser 5 millions de gourdes. Au contraire les chimères ont redoublé d’arrogance. Il ne faut jamais pactiser avec des bandits. La rançon du Gouvernement est un signe de capitulation. La gargotte politique haïtienne laisse s’élargir un gouffre propice à toutes les apathies et à des retournements malheureux pour la tenue prochaine du scrutin.

Jean Erich René
juin 2005