Introduction
Transformer le plurilinguisme en projet
Réfléchir sur l’enseignement des langues, et
des langues étrangères en particulier, c’est
fondamentalement s’interroger aujourd’hui sur les conditions
de transformation d’une réalité en projet. La
réalité, c’est le fait que les situations de
plurilinguisme sont majoritaires: l’humanité est tramée
de milliers de langues et l’a toujours été.
Le projet, c’est l’aménagement éducatif
de cette réalité, c’est-à-dire sa transformation
en référentiel de compétences professionnelles
et de vécu communautaire.
Mais l’enseignement des langues est à cet égard
en situation paradoxale: alors que l’hétérogénéité
linguistique, culturelle et sociale des populations scolaires s’accentue
et que l’enseignement des langues lui-même repose sur
une prise de conscience épistémologique et conceptuelle
de la diversité, relayée par des démarches
et des expériences de diversification curriculaire, l’intégration
institutionnelle de cette diversité se réalise généralement,
et dans tous les sens du terme, au prix d’une simplification
ou d’une limitation de son potentiel de signification: simplification
dans la mesure où le maillage de la diversité est
ramené au face à face bilingue d’une langue
nationale et d’une langue étrangère ; limitation
parce que l’introduction de la référence aux
usages langagiers extra-scolaires des élèves s’accompagne
au sein de l’école de son instrumentalisation en un
moment de transition facilitant l’accès à l’instruction
en langue nationale.
Si espace des langues il y a, c’est ce paradoxe, fait de
libertés qui peuvent opprimer, qui en constitue sans aucun
doute aujourd’hui l’espace de pensée. C’est
lui qui explique en effet, me semble-t-il, beaucoup plus que l’absence
de rendement, qui n’en est que l’une des manifestations,
ce que l’on appelle communément la crise de l’enseignement
des langues. L’école bute sur la gestion du plurilinguisme,
à l’aune duquel elle mesure pourtant la réalité
de l’enseignement des langues et de ses décisions éducatives.
Tout se passe comme si la reconnaissance actuelle que le fait plurilingue
constitue l’ordinaire de la vie et de l’institution
scolaire, s’accompagnait de la représentation qu’une
éducation plurilingue n’était ni possible, ni
souhaitable.
C’est dans ce paradoxe que je propose de prendre pied pour
examiner et discuter la contribution de l’école à
la maintenance et à l’expansion du plurilinguisme.
J’aborde cette question sur la base d’une double conviction
forte: que l’école, en tant qu’espace d’imbrication
initiale et durable de rapports aux langues et de pratiques de langage
multiples, conditionne l’avenir du plurilinguisme à
travers la gestion qu’elle en fera et que c’est le fait
plurilingue lui-même, en tant que projet, qui permettra à
l’école de résoudre les conflits que sa gestion
engendre et de choisir pour agir dans son sens. C’est donc
bien la transformation de la donnée plurilingue en projet,
c’est-à-dire en démarche éducative, qu’il
faut que l’école apprenne à opérer, ce
qui correspond d’une certaine manière à une
reformulation, voire à une inversion des rapports de l’école
à la diversité: au lieu d’inscrire la diversité
dans l’école, inscrire l’éducation dans
la diversité. Cela n’exclut nullement, bien au contraire,
la première formule mais la rend porteuse d’évolutions,
en indiquant qu’il ne suffit pas d’offrir plus d’enseignement
de langues, ou plus de langues enseignées, pour dénouer
le paradoxe et sortir de la crise.
Soutenue par cette conviction , l’hypothèse fondamentale
qui guidera la réflexion est que la transformation de la
réalité du fait plurilingue en projet de sociétés
implique que l’enseignement des langues aille à la
fois au-delà et en deçà de l’enseignement
de langues distinctes, vers l'architecture de compétences
plurilingues en interactions.
De cette hypothèse fondamentale dérivent deux hypothèses
opératoires: d’une part le nécessaire désenclavement
intra-(des modèles, programmes et rythmes d’enseignement
de chaque langue) et extrascolaire ( entre l’espace des langues
à l’école et les pressions ou rivalités
en provenance d’autres espaces socio-économiques ou
scientifiques, plus ou moins convergents ou incompatibles) de l’enseignement
des langues, et d’autre part la redéfinition de ses
finalités qui en considère non seulement les enjeux
professionnels mais aussi socio-langagiers et éthiques.
La réflexion proposée, qui s’inscrit dans
la continuité de recherches actuelles sur les conditions
de production et d’implantation d’une didactique du
plurilinguisme, n’a pas la prétention de livrer des
analyses détaillées ou inédites de ses termes.
Elle souhaite simplement éclairer un débat délicat
en croisant des contraintes et des axes d’intervention susceptibles
d’amorcer la redistribution plurilingue des enseignements
scolaires.
Par référence aux hypothèses introduites,
cet éclairage se fera en deux grandes étapes. Dans
un premier temps je m'arrêterai sur la dialectique de la mondialisation,
pour montrer que la diversification plurilingue de l’enseignement
loin d’être une cause perdue, peut trouver aujourd’hui
dans les situations nouvelles induites par la régionalisation
des échanges et des identités les raisons de sa montée
en régime. Dans un second temps, je caractériserai
l’origine des résistances que la promotion de la diversité
continue à rencontrer dans les systèmes éducatifs
pour tenter de préciser les exigences qui peuvent autoriser
aujourd’hui une réorganisation plurilingue des enseignements
scolaires.
Quand les communautés ne vont pas sans dire(s)
La réflexion sur la nature d’une éducation plurilingue
en appelle d’abord une première sur les figures du marché
dans lesquelles la pensée scolaire se moule, ne serait-ce que
parce que nous vivons dans une société où la
rentabilité de l’école est spontanément
calculée sur le modèle industriel. L’école
tend toujours à ajuster ses enseignements à la division
économique et sociale du travail. Or l’espace fondamental
de cette division, personne ne le nie, c’est aujourd’hui
le marché-monde, la mondialisation des mouvements de capitaux
et de services. Les liens singuliers de la mondialisation
Au nom de la liberté et du progrès, cette mondialisation
se traduit par des phénomènes de globalisation linguistique
et culturelle. A l’échelle mondiale, les lois du marché
s’expriment en une seule langue et les connaissances des citoyens
de Singapour, Toulouse, Denver, Maputo ou Sao Paulo transitent par
les mêmes images. Cette globalisation suppose elle-même
à la fois l’accentuation du déséquilibre
Nord-Sud en matière de communication-ainsi près de
90% des mots diffusés par les médias du continent
sud-américain proviennent d’agences internationales
d’une autre origine (d’après Collectif, 1994),
ce qui signifie aussi, relevons-le d’emblée, l’autonomie
au moins relative des composantes linguistiques et culturelles de
la communication - et le recul de l’information devant la
communication: le crédible et l’accord sur les mots
forçent l’accord sur les choses, parce que les mots
en question présentent les défaillances du monde humain
comme un ordre des choses ( l’assainissement du marché,
la maladie du chômage, la fracture sociale, la cure d’austérité,
le dégraissage du mamouth…).
Mais en cette fin de siècle, le balancier paraît
repartir dans la direction opposée. Moins visible que la
globalisation peut-être, moins médiatisée certainement,
une dynamique de localisation s’affirme depuis une dizaine
d ‘années en réaction contre les effets d’uniformisation
du marché planétaire. Elle transite foncièrement
par un mouvement de réhabilitation et de réappropriation
des langues et cultures locales. Ce mouvement signifie à
la fois un mode de résistance à l’unification
des priorités, des mentalités et des valeurs établies
par la globalisation, mais aussi probablement la réactivation
de l’espace vécu et des réseaux de voisinage
comme lieux de construction du lien social au contact de l’autre,
escamoté au profit d’un temps universel infinitésimal
par les technologies de virtualisation.
Le modèle actuel de développement mondial est donc
partagé entre deux logiques: celle de la globalisation et
de l’universalisme marchand et celle de la localisation et
du réveil des langues et cultures singulières. Ainsi
ce qu ‘on appelle trop rapidement peut-être mondialisation
est en fait à entendre comme un phénomène à
deux versants dont le face-à-face n’est pas sans risques,
d’abord parce que l’antagonisme des deux scénarios,
globaux et locaux, est une source potentielle de conflits, ensuite
parce que chacun dans leur ordre ces deux scénarios sont
en eux-mêmes porteurs de menaces: celle d’une colonisation
planétaire à travers le retour à une forme
d’imperium global dans le premier cas; celle du recours
aux fondamentalismes et aux nationalismes comme armature de la localisation
dans le second cas; celle de l’exclusion des autres et de
toute altérité dans les deux cas, par fabrication
soit d’un collectivisme, soit d’un individualisme extrême.
Mais en même temps qu’une menace, cette double dynamique
de globalisation et de localisation ouvre aussi sur une autre configuration
de réponses possibles que celle de la prééminence
de l’unité planétaire ou tribale. C’est
celle qui privilégie l’articulation des deux en les
envisageant comme les manifestations d’une même complexité
en phase de déconstruction/reconstruction. L’apparition
et la divulgation d’expressions telles que «créolisation»
ou «transversalité» (E. Glissant, 1981), créolité
( J. Bernabé, R. Confiant, P. Chamoiseau, 1989) «brassage»
ou «hybridation» traduisent à la fois le désir
de cette articulation et l ‘entreprise de sa conceptualisation.
Leur principal mérite est de souligner l’émergence
possible, entre la logique de l’empire global et celle des
principautés locales, à la frontière des déterminations
collectives et des décisions individuelles, d'un autre espace,
espace générique de nouvelles sociétés
civiles fondées sur la pluralisation de leurs identités.
Le gouvernement communautaire des langues
Né de l’encastrement du marché-monde dans les
conduites des sociétés, l’ancrage de la thématique
de la diversité est multiforme: économique par définition,
mais également politique et, de manière aussi déterminante,
radicalement culturelle et linguistique. Ce que l’on retiendra
dans cette dignité retrouvée de la diversité,
c’est la reconnaissance à la fois de l’importance
du facteur linguistique dans sa promotion et du fait que le maintien
de la pluralité linguistique, garante de cette diversité,
ne va pas sans dire(s).
La manifestation politique majeure de ce changement est que l’aménagement
linguistique doit dorénavant relever de plus en plus de décisions
et d’accords multilatéraux. C'est une innovation considérable,
si on songe qu’il y a une dizaine d’années encore
le choix des langues était exclusivement une affaire de politique
intérieure à chaque état.
L’Union Européenne a explicitement fait de l’éducation,
et de l’apprentissage des langues en particulier, un domaine
institutionnel relevant de la compétence communautaire et
devant favoriser l’expansion du plurilinguisme.La Charte européenne
des langues régionales ou minoritaires, signée en
1992, affirme clairement dans son préambule la valeur du
plurilinguisme et le droit imprescriptible de pratiquer une langue
régionale ou minoritaire dans la vie privée ou publique.
Dans la continuité de ce soutien au plurilinguisme, le traité
de Maastricht souligne en 1993, dans son article 126, la contribution
importante que la défense et la promotion de la diversité
linguistique apportent à la fois à la conception d’une
éducation de qualité et à la construction de
l’Europe.
L’avènement du Mercosur a été
accompagné par la signature en 1992 d’un Plan triennal
pour l’éducation dans le Mercosur prévoyant
la formation de professeurs pour l’enseignement réciproque
de l’espagnol et du portugais dans les pays membres de ce
nouveau marché. La conclusion en 1997, dans le contexte général
d’un accord Franco-Brésilien, d’un programme
de coopération transfrontalière spécifique
entre l’état brésilien de l’Amapa et la
Guyane Française, implique de la même manière
des actions mutuelles en faveur du français et du portugais.
En 1998, par un acte officiel, l'Association des Etats de la Caraïbe
(AEC) s'est explicitement donnée pour objectif, tel que cela
ressort d'un document émanant de son Conseil des Ministres
d' «éliminer les barrières de langues au sein
de la région, en améliorant la compétence des
ressortissants de la Caraïbe en une seconde et même une
troisième langue», en l'occurrence l'anglais, l'espagnol
et le français, soit les trois langues d'origine européenne
de la Caraïbe (AEC, 1998), le créole n' étant
paradoxalement pas encore convié dans cette déclaration
pour l'affirmation et l'exercice institutionnels d'une identité
caribéenne.
Au-delà de leur détermination à garantir la
transmission du patrimoine plurilingue et à soutenir les
langues les moins enseignées, ce qu’il faut retenir
de ces déclarations, dans la perspective éducative
qui est la nôtre, c’est l’innovation de leur argumentation
au niveau politique où elles se situent. Car en associant
nettement l’apprentissage de la variété des
langues et la construction d'une identité transnationale,
ce n’est pas seulement la nouvelle mobilité internationale
qu’elles invoquent comme motif de la diversification, ce qui
reviendrait d’une certaine manière à conforter
la mission communicative classique de l’enseignement des langues,
mais le rôle moteur, voire pionnier, des langues dans le façonnement
d’une identité et d'un sentiment d'appartenance communautaire:
le premier concours de recrutement de professeurs de créole
pour l'enseignement secondaire français (CAPES) aura lieu
en 2002.
Dans un contexte où l' utopie libérale d'une société
de marché soudée par une langue unique n'arrête
pas de resurgir, le changement est certes fragile d'autant qu’il
ne fait que s’amorcer et qu’il relève sans doute
plus pour l’instant de politiques conjoncturelles de régulation
du marché des langues que des politiques structurelles qui
viseraient à le modifier en profondeur. Dans ces conditions
il n’exclut pas que la diversité se rende aux sirènes
de l’uniformité et du progrès collectif qu’elles
promettent: que, par pragmatisme ou par astreinte, elle demeure
ou revienne sous la tutelle des pouvoirs nationaux et d’une
langue dominante. L'AEC ne crée pas jusqu’à
nouvel ordre de centre d’excellence régional pour la
diffusion du créole. Le traité sur l’Union Européenne
s’accompagne d’une clause de sauvegarde qui présente
les actions communautaires en faveur de la diversité linguistique
comme une bonification des politiques de chaque état, qui
restent souveraines en la matière. Et on sait qu’en
la matière, le choix de l’anglais, comme première
et unique langue étrangère, a vite fait d’apparaître,
au nom des avantages immédiats qu’il peut procurer,
comme une solution à la fois indispensable et inévitable
Mais cette fragilité du changement est irréductiblement
aussi un effet de la diversité identitaire qui le travaille.
Du même coup, cette soustraction du marché des langues
aux lois du marché, qui a les ressorts d’une contradiction,
devient bien la marque d’une volonté et/ou d'une nécessité
des systèmes politiques et économiques d’ouvrir
l’inculcation linguistique à d’autres critères
que l’utilité immédiate, donc d’intégrer
une préoccupation éducative, caractérisée
par la nature des pratiques de langage en amont et en aval des formations
linguistiques et des langues cibles visées.
Pour ne pas tenir le discours de l’idéal, on dira
donc que les ensembles communautaires sont aujourd’hui demandeurs
de diversification linguistique et culturelle, parce qu’il
est de leur intérêt de combiner, sous peine de s’exposer
à toutes les faillites et déflagrations, une logique
de puissance et une logique de valeur.
Dans son principe cette attention à une logique de valeur
rejoint une mission fondamentale de l’école. Il y a
là une convergence inattendue peut-être, pour des champs
qui se présentent communément comme antagonistes,
mais remarquable en ce qu’elle légitime le rôle
majeur que doit jouer l’école dans la construction
de ces valeurs. Encore faut-il qu’elle sache se saisir de
cette convergence, autrement dit en clarifier les enjeux sociaux
et humains pour éviter qu’elle débouche sur
une mise en forme unique des valeurs.
Cette responsabilité que l’enseignement des langues
est appelé à prendre dans l’élaboration
de nouveaux modèles identitaires, lui ouvre ainsi indubitablement
un nouvel espace de légitimité mais c’est aussi
un espace qui suppose un remaniement de ses finalités disciplinaires
les plus communes.
L’école avec les langues
Même si elle ne peut ni ne doit être le seul vecteur
de l’intégration linguistique de la diversité,
l’école, parce qu’elle rassemble dans le même
temps et dans le même lieu, une pluralité croissante
d’écosystèmes de langage, est fondamentale,
suivant les attitudes et compétences qu’elle propose
et peut impulser, pour la réussite d’une intégration
dialectique de ce capital, établissant le multiple dans une
cohérence d’ensemble, au sein des ressources humaines
communes.
La haute langue de l’école
Il ne faut pas se cacher que la réalité scolaire
de l’enseignement des langues oppose pourtant encore aujourd’hui
des résistances considérables aux préoccupations
et aux sollicitations de la diversification. En dépit d’un
certain nombre d’initiatives, quelquefois spectaculaires,
et du potentiel de promotion et d’enrichissement qu’elle
représente pour ces aspirations plurielles, l’école
a du mal à les intégrer et en à assumer la
gestion. Et cela parce qu’il y a une tendance lourde dans
les différents systèmes éducatifs, à
laquelle le système français est loin d’échapper,
à ne pas penser le multiple dans leurs dispositifs de formation
en général, et à l’intérieur de
l’enseignement des langues en particulier. Cet effacement
du multiple opère à plusieurs niveaux, au nombre desquels
on retiendra l’objet, les objectifs et les programmations
disciplinaires des enseignements, l’exécution de ces
trois niveaux étant elle-même sous la régie
d’un discours sur le coût de l’instruction.
L’objet exclusif des enseignements
L’objet à enseigner, qu’il s’agisse de
la langue maternelle ou d’une langue étrangère,
se confond avec la langue de l’école, c’est-à-dire
avec la variété haute de la langue. Il s’agit
d’imprimer dans l’élève le code dominant,
au détriment des variations, géographiques ou idiolectales,
de la langue nationale et des langues communautaires des élèves.
La thèse qui sous-tend ce parti-pris est à la fois
morale et méthodologique: il y a une morale de la langue
dont les groupes dominants sont les détenteurs et les récitants
et dont la maîtrise, s’il est vrai qu’elle se
paye aux prix fort de l’abandon des pratiques de langage familières
aux élèves, et donc de leurs identités, sera
en revanche récompensée par leur ascension sociale
et leur participation aux bénéfices du marché,
ce que contredit à l’évidence la massification
des sans emploi et des déracinés ; relais de cette
moralisation par la langue de prestige, il y a l’argument
de l’impossibilité méthodologique d ‘étudier
les pratiques de référence des élèves,
jugées trop hétéroclites pour être décrites,
et consécutivement pour devenir des objets d’enseignement
scolaire, ce qu’infirme la disponibilité actuelle,
même si leur mise en œuvre n’est pas nécessairement
aisée, de modélisations et d’approches variationnistes
ou plurinormalistes ( cf H. Romian et alii, 1989, B. Schneuwly,
1990, J.P. Bronckart, 1996, D. Boyzon-Fradet, J.L.-Chiss, 1997).
L’objectif totalement communicatif de chaque enseignement
L’objectif à atteindre est la compétence de
communication, assimilée à une compétence unique
dans tous les sens du terme: compétence unilingue rejetant
l’existence de systèmes mixtes ; compétence
unilatérale ordonnée par référence à
l’intégralité des savoirs supposés du
locuteur natif idéal, au détriment de compositions
asymétriques ou approximatives ; compétence uniforme
privilégiant une composante, la composante linguistique généralement,
mais ce peut-être aussi la dimension pragmatique, au détriment
d’autres composantes ; compétence unifonctionnelle
enfin, ramenant le potentiel d’une langue à sa seule
fonction de communication.
A cet égard, si ce qu’il est convenu d’appeler
l’approche communicative, a modifié de manière
significative la culture éducative, en la déplaçant
de l’apprentissage de structures en vue de communiquer vers
la pratique de savoir-faire langagiers pour apprendre à communiquer,
elle n’est pas non plus sans responsabilité, même
indirecte, dans cette ambition parfaitement communicative. En finalisant
l’activité de langage en termes de fonction communicative,
elle permet d’écarter sa plurifonctionnalité,
autrement dit le fait qu’elle s’élabore toujours
à travers ce que des interlocuteurs font avec le langage,
de manière et avec des buts simultanément variés,
référant, séduisant, argumentant et s’émouvant
plus ou moins tout à la fois. Du même coup la compétence
de communication peut se confondre avec un objet fini, qui s’obtient
par accumulation de composantes closes et dont la maîtrise
est évaluée à la lumière du comportement
du natif qu’il reproduit in vitro.
L ‘assimilation de la compétence de communication
à la maîtrise égale de chacune de ses composantes
dans chaque langue retenue, est un mirage, peut-être nécessaire,
mais en tout cas aliénant et à courte vue, puisqu’elle
tend à ériger en modèle le comportement introuvable
d’un natif fantôme et ramène le potentiel d’une
langue à une fonction , excluant ainsi de l’apprentissage
d’autres fonctions majeures, de représentation et de
négociation identitaires tout particulièrement.
L’enclavement des programmations
Les programmations qui découlent de ce conditionnement unidimensionnel
reposent elles-mêmes sur trois principes de réduction
de la complexité.
- un principe de hiérarchisation, qui pose pour des raisons
idéologiques la langue nationale, dans sa version écrite,
avant toutes les autres.
- un principe de compartimentation qui distingue soigneusement
les langues, leur enseignement et leur acquisition, les uns des
autres, comme si l’apprentissage de l’une impliquait
le recouvrement et l’effacement du temps et des expériences
d’apprentissage de toutes les autres. On observera à
ce propos que les professeurs de langue maternelle ont souvent
plus de relations professionnelles avec les enseignants de mathématiques
ou d’histoire géographie qu’avec leurs collègues
de langues vivantes étrangères.
- un principe de contamination, qui n’est qu’apparemment
contradictoire avec le précédent, et qui tend à
imposer les mêmes normes de présentation aux différentes
langues étrangères et à aligner leur horizon
programmatique sur la complétude communicative légitimée
du pôle dominant de la langue nationale. Cet alignement
symbolique se traduit matériellement par le nivellement
des rythmes méthodologiques de l’enseignement du
sous-ensemble que constituent les langues étrangères
face à la langue nationale: par souci d’équité,
trois heures, qui ne sont que rarement des heures, d’enseignement
hebdomadaire en moyenne pour chacune d’elle.
C’est cet enclavement des enseignements de chaque langue
dans les mêmes rythmes et le même entraînement
à parler comme les natifs qui focalise les programmes sur
la reproduction correcte des contenus sélectionnés
par dérivation d’une matrice grammaticale ou communicative.
Dans cette optique, les programmes de langues sont des programmes
d’insuffisance, plus marqués comme tels sans doute
dans les traditions francophones, hispanophones ou lusophones qu’anglophones
ou germanophones: ce à quoi est avant tout confronté
l’apprenant, c’est à ce qu’il ne connaît
pas et non pas à ce qu’il sait déjà faire
à partir de son propre capital d’activité langagière.
C’est ce qui explique que dans les systèmes scolaires
en question, la notation procède par soustraction de points
et dénombrement des fautes, beaucoup plus que par addition
de points et valorisation des chemins de traverse communicatifs
de l’apprenant. Le risque d’inhibition communicative
qui s’en suit n’est pas négligeable, puisque
le modèle de la soustraction rapproche infailliblement dans
la tête de l’apprenant la prise de parole en langue
étrangère du fait de s’exposer à des
réactions pénalisantes.
Le coût des langues
Cette mise hors circuit de la diversité est elle-même
communément argumentée par l’objectif central
de la rentabilité. L’éducation coûte cher,
très cher et sa rentabilité est jugée douteuse.
Or, inscrit dans une logique de marché, l’investissement
éducatif doit être un investissement productif. Mais
le secteur scolaire, et l’enseignement des langues en tout
premier lieu, n’est pas perçu comme rapportant quelque
chose. Il n ‘engendre pas, estime-t-on, les richesses d’ordre
socio-économique et les compétences professionnelles
que la collectivité est en droit d’attendre sur la
base des investissements réalisés. La diversification
de l’offre en langues et l’élévation des
coûts qu’elle entraînerait, accroîtraient
encore ce déficit déjà considérable
et iraient alimenter la masse des dépenses improductives.
Ainsi va la rationalisation de la scolarisation en langues: sans
intérêt économique, décevant les attentes
industrielles et ne gagnant rien, l’enseignement des langues
n’est pas évalué comme prioritaire et n’obtient
pas les moyens de sa rénovation.
Multiplier les voies de langues, croiser les identités
Les normes de la configuration scolaire des langues qui viennent
d'être évoquées contrecarrent chacune dans leur
ordre, voire pétrifient, le formidable potentiel de savoirs
et d'émancipation des langues. Elles le font globalement
d'une part en débarrassant l'apprentissage de chaque langue
des réseaux qu'elle forme avec les autres pour penser les
communautés et les sujets, et d'autre part en neutralisant
leur amplitude. Et par amplitude, j'entends autant le nombre
des langues que toutes les capacités dont elles dotent les
sujets: capacités de communication (trop?) évidemment,
mais aussi d'arrachements ou de rébellions, de reconnaissances,
d'admirations ou de jubilations.
Face à ces dérives qui confondent l'apprentissage
des langues avec l'enseignement d'ensembles dominants, considérés
comme logiquement positifs et fonctionnels, et qui empêchent
les communautés et les sujets d'actionner plusieurs voies
de langues et d'identités, on peut s’interroger sur
les conditions requises pour une introduction et un étayage
du multiple dans le système scolaire des langues. Compte
tenu des facteurs de résistance qui viennent d’être
mentionnés, je relèverai au moins quatre niveaux d’exigence
qui se répondent et à remplir pour une prise en charge
éducative du plurilinguisme: idéologique, sociocognitif,
subjectif et opérationnel.
Le niveau idéologique
Le niveau idéologique concerne la confusion symbolique
entretenue entre la nation et la langue autour de laquelle elle
s’est constituée. Les états modernes cultivent
la langue autour de laquelle ils se sont formés au XIXème
siècle, certains au point d’en faire leur miroir mythique.
En France, emplie de ce qui lui manque-le génie, la clarté,
la pureté-, la langue qui soude la nation devient son corps
légendaire. Avec une architecture différente, un montage
symbolique comparable se retrouve en Allemagne ou au Japon notamment
( H. Meschonnic, 1997).
Certes tous les peuples ne vénèrent pas leur langue
comme le font ces trois-là. Mais partout, par le jeu d’un
rapprochement entre identité linguistique et identité
nationale, et y compris dans des pays comme les Etats-Unis, porte-drapeaux
du laisser-faire linguistique, il existe durablement un nationalisme
linguistique qui, en inscrivant une seule langue au cœur de
l’identité d’une société, tend
à l’opposer à toutes les autres, plus au moins
perçues comme éléments de déstabilisation
ou d’oppression de l’identité nationale.
Ce qui grève ainsi fondamentalement le projet plurilingue,
ce n’est donc pas en elle-même la revendication d’une
langue nationale ( bien que la dénomination de langue commune
pourrait se substituer dorénavant avantageusement à
la notion de langue nationale), ni même l’exigence identificatoire
qu’une nation a associée à la langue qui a soutenu
son avènement, mais le fait que la mise en œuvre du
plurilinguisme est prisonnière des conséquences d’un
discours sur la langue nationale, qui convertit des différences
politiques et linguistiques en une inégalité intrinsèque
des langues concernées et en un handicap fonctionnel.
C’est ce qui explique que le plurilinguisme, malgré
son ubiquïté, puisse encore être reçu comme
une anomalie pernicieuse, hypothéquant la productivité,
parce que dérangeant l’existence des états et
des individus, d’où par exemple le fait que des langues
aussi apparentées que l’espagnol, le portugais, le
français et l’italien, ou dans un autre groupe, le
hollandais et l’allemand, n’aient jamais fait l’objet
de planifications linguistiques communes ou au moins concertées.
L’offre plurilingue doit correspondre à une demande
sociale effective. En ce sens l’aménagement du plurilinguisme
en milieu scolaire est subordonné en profondeur à
un réexamen des termes de l’équation linguistique
nationale, qui substitue à la demande fictive d’une
appartenance langagière unique, à laquelle sont censés
se plier les membres d’une même communauté nationale,
la formulation d’un socle et d’une volonté d’appartenance
multiple.
Cette formulation ne peut elle-même faire l’économie
d’une interrogation philosophique sur le rapport a priori
difficile, voire tragiquement insupportable dans des cas extrêmes,
des hommes à l’altérité, si on tient
compte du fait que, de la recherche d’une origine unique des
langues à la langue universelle de Descartes ou à
l’esperanto de Zamenof, le rêve d’une langue parfaite
et commune à tous est une préoccupation constante
de l’humanité ( cf. U. Eco, 1994).
Le niveau sociocognitif
Il concerne la réévaluation des objectifs et des
fonctions de l’enseignement des langues au regard de l’évolution
corrélative des sociétés et de la mission de
l’école. Si on considère que cette mission est
aujourd’hui de préparer aux sociétés
multiculturelles de demain ce qui n’est pas contradictoire
avec la mission classique de développement global de la personnalité
attribuée à l’école, mais l’infléchit
dans le sens d’autrui), alors elle trouve dans l’enseignement
plurilingue un principe et des arguments de formation potentiellement
très positifs pour cette ouverture.
Le principe repose lui-même sur la démarche variationniste
inhérente à une formation plurilingue, qui par définition
retrouve le sens de l’arbitraire du signe. Alors que l’unilinguisme
entretient chez le sujet l’illusion que les mots collent aux
choses, le plurilinguisme décolle les mots des choses en
exposant le sujet à d’autres mots et d’autres
ordres des mots qui, d’une langue à l’autre,
interprètent différemment sa réalité:
le modèle de structuration sujet, verbe, objet est, on le
sait, loin d’être général mais les langues
qui agencent autrement leur univers n’en sont pas moins logiques.
Sous cet éclairage, la démarche plurilingue ne propose
théoriquement jamais la connaissance d’une réalité
sans marquer les limites du procès de connaissance, puisqu’elle
fait observer que cette réalité ne peut pas être
saisie toute entière dans l’immédiateté
d’une seule langue. En conséquence de quoi, ce niveau
est aussi celui de la réévaluation des finalités
de l’enseignement des langues dans une double direction, réflexive
et sociale.
Au plan social, en familiarisant avec d’autres langues et
cultures d’hommes, l’accès à une compétence
plurilingue est apte à fonder une reconnaissance positive
d’autrui et à promouvoir ainsi, contre les formes de
xénophobie et de racisme qu’alimente justement l’éclipse
d’autrui, les valeurs de l’échange, de la tolérance
et de la solidarité.
Au plan réflexif, la comparaison des langues et des cultures
développe les capacités métalinguistiques des
apprenants et favorise une prise de conscience élargie des
scénarios transformables, aussi bien du langage que de l
‘apprentissage, qui peut elle-même guider l’apprentissage
de nouvelles langues et d’autres disciplines.
Le niveau subjectif
Constant que les différenciations ne concernent pas seulement
les systèmes, le niveau de la subjectivité est celui
qui met l’accent sur la multimédiation des usages et
les acteurs. Comme le locuteur natif idéal, l’apprenant
n’existe pas, au sens où chaque apprenant en contient
plusieurs qui coexistent en lui, pacifiquement ou conflictuellement.
Le rapport à une langue est avant tout et à tous les
moments, un rapport à des langues et à ceux qui les
parlent, lui-même en relation de co-variation instable avec
les manières singulières dont il peut être vécu:
rapport de proximité ou de distance , d’égalité
ou de domination, de honte ou d’audace en fonction de la perception
individuelle des valeurs socialement affectées aux langues.
On ne saurait interagir avec une langue, quelle qu’elle
soit, sans interagir avec les représentations qu’on
associe à ses effets de puissance et de territoire, aux pratiques
langagières et méthodologiques de son environnement,
aux combinatoires des langues qu’on saisit en soi et aux postures
individuelles que construisent les interrelations de tous ces paramètres
en matière de programmes et d’attitudes d’apprentissages
( attentes, goûts, préférences, modes d’appropriation
et d’implication).
A la variation de ces rapports, on associera celle des profils
d’apprenants ( voir J.C. Pochard, dir., 1995) et de leurs
parcours d’exposition aux langues, principalement sous l’effet
de l’origine des interactants, des lieux et de la périodicité
des apprentissages, suivant deux échelles de discontinuité
( R.Porquier, 1994 et 1995): l’une situationnelle, évoluant
entre les pôles de l’apprentissage scolaire et naturel
avec toutes les formes intermédiaires de l’immersion
didactique ; l’autre chronologique, suivant que l’apprentissage
est continu, continué après un temps d’interruption,
contigu ou non à l’apprentissage d’une ou de
plusieurs autres langues.
Même si cette configuration subjective est délicate
à traiter, puisque l’apprenant n’est jamais l’addition
de toutes les dispositions qu’on lui attribue, sa prise en
compte fixe un horizon d’interrogations et profile des savoirs
sur lesquels la diversification de la scolarisation en langues doit
apprendre à s’appuyer pour opérer. Où
l’on perçoit combien le développement d’une
culture plurilingue exige en somme d’être pensé
à travers une interrogation sur les voies et les objets mêmes
de la transformation scolaire des savoirs: comment élaborer
des voies et des passages qui mettent en relation des chemins multiples
et nécessaires et qui offrent des itinéraires en mesure
de ressourcer des choix inattendus.
Le niveau économique
Au plan économique il faut, face au soupçon récurrent
de gaspillage financier, défendre clairement la productivité
de l’investissement en langues. Cela implique d’abord
à la fois de reconnaître que l’instrumentation
scolaire des langues est effectivement encore trop peu performante
au regard de la dépense en temps et en argent qu’elle
suppose (on ne compte pas ceux qui, après des années
d’études, sortent bardés de diplômes mais
impotents en langues- les fameux faux débutants !- et alors
preneurs de tout cours privé ou produit multimédiatique,
du logiciel au balladeur en passant par le portable, qui leur permettrait
de remettre leurs langues à l’heure dans un minimum
de temps) mais aussi d’oser affirmer, compte tenu des nouvelles
dispositions du marché et de la recherche, que la compétence
en langues est devenue une ressource indispensable des agents économiques
et sociaux et donc une source de profit pour les organisations professionnelles
et sociales.
Ce qu’il est alors essentiel d’ajouter, c’est
que les constituants de ce profit ne sont pas seulement d’ordre
quantitatif mais bien aussi qualitatif. Le mouvement du capital
linguistique n’est pas comme le mouvement des actions. Il
n’y a pas de place boursière pour en définir
journellement la valeur. Les gains des langues se déploient
sur une scène où s’entrecroisent les intérêts
économiques et la reconstruction des communautés défaillantes.
Ce dernier investissement est symbolique. En tant que tel, il n’a
pas forcément à être comptabilisé et
peut, voire doit, être fait d’incertitudes: c’est
le prix à payer pour nous préserver d’une fin
unique.
Conclusion
Pour composer les langues au coeur d'une identité partagée
Derrière leurs motifs spécifiques, les quatre niveaux
d’exigence ont en commun de signifier que dans une perspective
d’apprentissage le lieu de contact primordial et variable
entre les langues, c’est l’individu et pas le territoire.
L’intégration curriculaire de ce primat suppose un
réajustement, voire une inversion, des priorités de
l’enseignement scolaire des langues, à l’école
primaire en particulier: au lieu d ‘apprendre rien qu’une
langue étrangère, confronter au foisonnement des langues
et au lieu de vouloir tout d’une langue et de sa compétence
de communication, travailler des capacités partielles, à
des rythmes différents, tenant compte des pratiques de langage
de sujets et des priorités communautaires et régionales.
Jouant sur le contact des langues au sein des sujets et sur la
porosité de leur apprentissage, la transformation du principe
plurilingue en noeuds de relations politiques et éducatives
implique une critique radicale de la notion de barrieres de
langues: barrières disciplinaires, qui séparent
sans reste les enseignements de chaque langue et empilent les connaissances
comme les pièces de glaces d'une tranche napolitaine, barrières
méthodologiques, au premier rang desquelles celle que
matérialise la schématisation de la compétence
de communication qui, en instrumentant par définition la
fonction communicative de l'enseignement des langues, bloque son
élargissement à ses nouvelles fonctions identitaires,
et fondamentalement, barrières linguistiques, dont
la rémanence n'est pas sans rapport avec les emprises du
réflexe communicatif.
C'est en d'autres termes et en d'autres temps, très en
avance sur le sien, ce qu'écrivait déjà Jean
Bernabé: «Une telle vision est simpliste car elle laisse
de côté l'essentiel: le conflit de langue, qui
renvoie à un conflit de culture et un conflit socio-politique
» (J. Bernabé, 1982, p. 86).
Dans la perspective d'une éducation plurilingue, la critique
de ce discours sur les barrières linguistiques s'impose
plus que jamais parce qu'il est source de confusions: il exaspère
les différences de langues comme des lieux de fracture à
résorber - aux risques du rêve ou du cauchemar d'une
communication sans partage, dans laquelle chacun, débarassé
de la langue de l'autre, retrouve immédiatement les idées
de tout le monde, puisqu'il n'y a plus personne d'autre -, alors
que ce qui est en cause ce ne sont bien sûr pas ces barrières
qu'on imagine aux langues - qui a jamais vu une langue, si vive
soit-elle, ériger des barrières? - mais, plus prosaïquement
et aussi plus fermement peut-être, les conditions et les stratégies
de transmission de leur singulière pluralité.
Car il y a bien de l'être commun qui s'échafaude
et s'échange quand sont noués en chacun, au coeur
de l'altérité qui est la sienne, dans une unité
de tensions et de complémentarités, génératrices
de changement et d'innovation, les attaches et les variations des
rencontres de langues et de langage qu'on porte, qu'on reporte et
qui finissent par advenir.
Patrick DAHLET
Centre Culturel et de Coopération pour l'Amérique
Centrale (CCCAC)
Ambassade de France au Costa Rica
Université des Antilles et de la Guyane / GEREC-F
|
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