LA MORT ET LE BUCHERON
Yon pauv vié nhomme les aut fois
Té obligé coupé bois
Pou vanne, pou li té nourri
Femme li évec ti yiche li.
Coupé bois ! Mauvais métié
Quand ou pas ni soulié
Pié ou ka rempli piquant,
Pas ni dou quouié ou content.
Nhomme là té yon jou, soti
Coupé yon chage lépini,
Li chongé comment Bon Gué
Té fé li né malhéré,
Comment chaque jour Bon Gué fé,
C'était pour li même misé ?
Voué famille li lassous paille
Mô faim, obligé travaillé,
Tout courage li quitté li.
Li crié la mô vini
Prend li, porté li allé
Côté li la mô rivé,
Li dit li : Ou crié moin
Mi moin, ça ou ni bousoin ?
N'homme répond' « T'en prie souplé,
Cé pou aidé moin chagé
Paquet bois là qui trop lou. »
Moralité
Ça nous ka voué tou les jours?
— La même chose. Assous la té
Magré nous dans la misé
Nous pas v'lé allé dans trou.
LA MORT ET LE BUCHERON
Un pauvre vieil homme les autres fois (jadis)
Etait obligé de couper du bois
Pour vendre, pour nourrir
Sa femme avec son enfant.
Couper du bois ! Mauvais métier
Quand on n'a pas de souliers
Le pied rempli de piquants,
Il n'y a pas de quoi être content.
Cet homme-là un jour qu'il sortait
Couper une charge de bois épineux,
Il songea comment le Bon Dieu
L'avait fait naître malheureux,
Coment chaque jour que le Bon Dieu fait,
C'était pour lui la même misère !
Voir sa famille sur la paille
Mourant de faim, obligé de travailler,
Tout courage le quitta.
Il cria à la mort de venir
Le prendre et de l'emporter
A son côté la mort arriva,
Elle lui dit : Tu m'as appelée
Me voici, de quoi as-tu besoin ?
L'homme répondit : Je t'en prie s.v.p.
C'est pour m'aider à charger
Ce paquet de bois qui est trop lourd. »
Moralité
Que voyons-nous tous les jours ?
— La même chose ! Sur la terre
Malgré que nous soyons dans la misère
Nous ne voulons pas aller dans le trou.
Traduction de M. Henry Lémery.
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