Samedi 20 mars 2004 au Centre de vie du SANITAS à Tours s'est tenue une Journée Culturelle Indienne organisée par l'association S.O.S. Pondichéry, en présence de M. Jean-Patick Gilles, adjoint au maire. Présidée par Mr Siva, S.O.S. Pondichéry a pour double but l'action humanitaire en Inde et la diffusion de la riche culture du sous-continent indien en France.
La journée débuta avec les ateliers d'initiation à la pratique artistique du «Kolam». Cette expression artistique populaire consiste à réaliser des motifs géométriques de plus en plus complexes avec du riz devant les maisons. Les élèves des écoles primaires André Gide, Sainte-Ursule, Jean-Giraudoux ont pu s'initier au «Kolam» avec Mme Selvi Anandane, tandis que M. Anandane leur a présenté la calligraphie tamoule, chaque élève repartant avec son nom tracé dans cette langue ancestrale du Sud de l'Inde.
Mlle Aurélie Picaud a animé un atelier de modelage (fabrication de diya, lampes à huile en argile), Mmes Kala et Madhevi ont démontré le sari, vêtement féminin indien, et M. Mohan Rangananthan a présenté quelques jeux traditionnels indiens karam board, pallangouji).
Les adultes ont été très intéressés par la conférence-débat «Mariage hindou» par MM. Siva et Anandane, respectivement président et vice-président de S.O.S. Pondichéry. Après avoir survolé le contexte religieux dans le mariage hindou, M. Anandane a mis l'accent sur une union qui implique davantage de responsabilité et de contrainte que la simple recherche de l'épanouissement individuel. Trois objectifs caractérisent en effet le mariage indien : dharma ou loi, chose immuablement fixée, éthique, vocation; praja ou procréation, et rati, ou plaisir. Dharma étant la priorité, et rati, le bonheur immédiat, venant en dernier lieu.
Le mariage hindou est une relation éthique et sociale, différente du mariage de sentiment. Le bonheur ne peut que naître que de l'accomplissement de cette vocation, selon un plan traditionnel indépendant des accidents de la sensibilité, par opposition à l'union à la manière occidentale. Le fondement de cette barrière à l'individualisme réside dans la moralité de groupe qui crée la souveraineté du devoir, l'ordre social passant avant le bonheur de l'individu. En présence du feu nuptial, l'épouse devient l'associée de son Seigneur pour l'accomplissement de tout acte juste. Elle doit être belle et douce, considérer son époux comme son dieu, le servir dans la fortune et l'infortune. A l'époux incombe le devoir réciproque de protection permanente de son épouse, la satisfaction de tous ses besoins – nourriture, vêtement, bijoux, et autres, pour qu'elle puisse être appellée sowbagyavadi ou soumangali, la chanceuse, ou l'heureuse, celle qui est prospère.
Le débat «Castes et religion» avec M. Vincent Xavier, fut aussi très animé, avec la participation de M. Anshuman Gaur et Mme Apoorva Srivatsava, de l'ambassade de l'Inde à Paris, qui ont répondu avec aisance à toutes les questions de l'auditoire nombreux.
Autre atelier passionnant, celui de cuisine indienne animé par Madame Corinne Sauvage. Après un repas copieux de spécialités indiennes (chapati, dhal, biryani, raita, pappadam, lassi, barfi, gulabjamun…), le programme reprit avec la musique carnatique de M. Ranganathan et son fils Ajay, la vinay de Mme Premila Samy, et les danses de style Bollywood très applaudies par Mlle Estelle Colondon.
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Mme Prémila Samy jouant de la veenai le 20 mars à Tours. |
Le spectacle du soir réunissait à nouveau tous les artistes pour un Jugalbandi très réussi. Pour le plus grand plaisir du public, le maître Karunakaran du Centre Mandapa de Paris a présenté le Kathakali, danse théâtrale du Kerala, précédé d'un maquillage aux couleurs vives répondant à des critères symboliques très stricts, et réalisé en public. Il expliqua le sens de chacun des gestes de cet art traditionnel, tandis que Mme Manochaya, tourangelle bien connue, explicita les moudrâ, langage symbolique des mains du Bharat Natyam, danse sacrée de l'Inde, exécutée par Mlle Kaleyvani Rengassamy.
Cette manifestation largement répercutée dans le quotidien Nouvelle République, a donc permis à S.O.S. Pondichéry d'atteindre son double objectif : récolter des fonds pour faciliter les missions médicales sur le terrain en Inde, et mieux faire comprendre au public tourangeau enthousiaste la grande richesse et les valeurs profondes d'une culture millénaire.
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