Des
relations de type conflictuel ont inauguré la mise en
contact des immigrants indiens et des Noirs/nouveaux libres
au lendemain de l'abolition de l'esclavage. La
première partie de cet ouvrage tente de reconstituer
les conditions historiques de cette mise en contact. Et puisque,
au sein du creuset que constitue l'univers plantationnaire,
les groupes et leur évolution doivent être appréhendés
comme un Tout, ce sont également les relations des
Indiens, des Blancs créoles (initiateurs de la venue
de ceux-ci) et des Hommes de couleur qui sont appréhendées
dans cet ouvrage.
Il s'agit, en l'occurrence, de mettre
en exergue l'état de transition sociale que connaît
alors la colonie (récente abolition de l'esclavage)
au moment où les Indiens y sont versés et qui
fait de ces derniers un corps étranger venu s'ajuster
à des structures stables dans leur découpage.
Inévitablement, face à des groupes socio-ethniques
qui entretiennent alors des relations fort complexes, les
nouveaux arrivants se verront transformés en boucs
émissaires immédiats des malaises que vit la
société postesclavagiste.
Convaincue que l'institution-immigration,
inaugurée en 1853, n'a pu qu'aggraver la crise que
traverse la colonie, l'auteur a le souci constant de relativiser
le rôle néfaste qu'auraient joué les Indiens
dans l'échec des revendications des Noirs, ainsi que
le veulent les croyances populaires.
La seconde partie de l'ouvrage propose
une lecture détaillée de l'histoire des Indo-Martiniquais,
par l'approche générale de l'organisation de
l'immigration indienne qui la constitue. Y sont passés
en revue les conditions de vie faites aux Indiens, la détérioration
progressive de celles-ci (malgré une abondante législation
destinée à protéger ces immigrants),
le non-rapatriement et la propagande anti-immigration effrénée
orchestrée par certains membres du Conseil Général
colonial.
Autant de paramètres auxquels
l'Indien doit d'avoir été appréhendé
comme "sujet négatif". En fin d'ouvrage est
proposée une analyse comparative de l'évolution
des immigrations européenne, africaine et chinoise
contemporaines de l'immigration indienne. |