Kébek

Nancy : une fleur des caraïbes
colore le décor de loft story

Marie Flore DOMOND
 

Nancy
Nancy: une des six lofteuse de la télé réalité
diffusée sur les ondes TQS
Loft Story

Lors de la première édition en 2005, je m’étais pliée à la vague frénétique de la populaire émission de télé réalité surnommée : LOFT STORY malgré que l’ensemble des participants ne reflétaient pas le visage multiethnique de la population. Ce caractère pure laine me faisait un petit pincement au cœur, d’autant plus que le show était animé par un membre de la communauté noire de la Métropole.

J’avais anticipé qu’à l’usure, les organisateurs mesureraient davantage l’enjeu du concours et impliqueraient les figures des autres appartenances raciales. Mon analyse s’est avérée encore plus probable suite au scandale de l’affaire du Doc Mailloux. J’ai prévu alors une conjoncture carrément faste. Pensant qu’en bon stratège, les dirigeants de la Chaîne n’allaient pas risquer de perdre la clientèle des minorités visibles pour un fâcheux conflit qui avait pris une allure de sanction à la verticale (décision unilatérale). L’occasion idéale se présentait pour agir à l’horizontal. Ainsi, je m’attendais qu’à la seconde édition, le choix des candidats soit plus homogène à la réalité culturelle de la société québécoise et qu’on nous présenterait une fille ou un garçon du genre métissé et le public ne verrait que du feu. Le scénario s’est concrétisé de façon plus colorée que je l’imaginais. Le mouton noir n’y est pas aller avec le dos de la cuillère. Servis à souhait, TQS nous offert une pétillante AFRO-QUÉBCOISE qui, à mon avis est un échantillon de négresse pur-sang.

Aucun malaise ne s’est manifesté lors de la soirée de première. J’avoue que je redoutais une bouderie et peut-être même rejet visible de la part de la confrèrerie dans le loft. Ce ne fut pas le cas. Au contraire, Nancy s’est présentée irrésistiblement comme une fleur des caraïbes si bien que les spéculations abondaient dans tous les sens. La plupart des juges la voyaient comme une furie à tout casser dans le loft. Celle qui, éventuellement allait bouleverser la vie des lofteurs à coups de provocations. En définitif, elle s’est faite invisible au point qu’elle a été la première des filles à être évincée. Par contre, personne n’oserait dire qu’elle ne s’est pas intégrée. Car, elle a laissé derrière elle une impression unanime de fille d’entrain. Quel que soit le score enregistré par la participante, on est fier de son passage à l’émission. Je me réjouis de la décision de TQS de lui avoir donné l’occasion de performer à sa manière.

Une affaire de mentalité

Pourquoi Nancy a-t-elle déjoué les attentes audacieuses que le public autant que les juges avaient escomptées d’elle? Pourtant l’attirante jeune fille possède tous les atouts pour plaire! Or, elle s’est retrouvée emprisonnée dans la carcasse de la mentalité qui lui a été inculquée. Durant son occupation dans le loft, elle a eu pour garde-fou le retenu. Au confessionnal, elle a justifié son attitude en se décrivant comme une fille entière, intègre.

Est-ce une leader voilée…

Visiblement hantée par son éducation, lorsqu’elle a été mise en ballottage, Nancy a avoué à une compagne qu’elle n’avait pas la personnalité de s’imposer, ni de devancer les élans d’un rapport avec le sexe opposé. C’est donc sa trop grande discrétion qui a joué contre elle. La clé de l’énigme de son blocage n’est nullement la passivité. Il va sans dire que c’est ce comportement de rigidité morale qui était nuisible à son épanouissement et de ce fait, est à l’origine de sa déroute compte tenu des critères de légèreté et de laisser aller imposés dans le fameux concours.

Son court séjour dans le loft n’a pas empêcher qu’elle soit surnommée : la fille aux multiples perruques. Cette taquinerie est bien méritée. Mais il ne faut pas oublier que l’année dernière il y avait le phénomène du «pyjama manie». Quoi qu’il en soit, le public ainsi que ses compatriotes ont découvert une Nancy dans le rôle de la confidente, sociable, coopérante, conciliante, rieuse et disciplinée.

Je ne saurais dire si c’est elle qui savait si bien fuir les caméras. Je déplore toutefois que les 27 caméras n’aient pas cessé de jouer à l’autruche avec elle avec des images qu’on distinguait à peine d’elle lors des activités. Sauf le jour du ballottage, où on avait décidé de dévoiler son désarroi sur plusieurs angles. Ce fut une séquence d’esthétique époustouflante agrémentée d’un éclairage attendrissant de nostalgie. Il fallait voir les nombreuses postures de la ballottée qui se noie dans son chagrin. Un montage digne de mention qui en disait long sur l’état émotionnel de Nancy.

D’autres scènes inoubliables

Les yeux rivés devant la télé, je ne pouvais contenir mes larmes quand elle réclamait la bague que possédait Steve, son compagnon de trahison a-t-elle déclaré en sanglotant. Elle misait sur l’accessoire ultime qui pouvait lui permettre de prolonger son aventure. Je pleurais non pas pour Nancy qui était mise en danger, mais pour son impuissance face à ses limites. Car je pouvais ressentir sa détresse que même un baccalauréat en communication n’a pas pu vaincre. Elle ne parvenait pas à se défaire de la carapace contre sa pudeur, briser les cloisons de sa timidité.

Le jeu de société convient-il à tout le monde ?

Cette expérience dont je suis témoin oculaire m’interpelle sérieusement. Je me demande si les membres des autres communautés ethniques qui sont si ancrés dans leur culture sont prêts à participer sans défaillance aux jeux de la télé réalité ? Est-ce que la situation se présenterait de la même manière s’il s’agissait du sexe opposé ?

Avis personnels

 Cette année, tous les présentateurs et animateurs du show sont dignes de ce titre. Les panélistes et analystes de leur côté livrent une marchandise d’une rare qualité. Ils font preuve d’un jugement sûr. Leurs critiques sont constructives et intelligentes. Bref, des professionnels à la fine pointe de leur diagnostic. En résumé, la version 2006 de Loft Story est une édition améliorée. J’ai l’impression de découvrir chaque participant comme une valeur sûre.
 

 
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