Kébek

La fête des enfants de Montréal
et la concordance d'un roman de jeunesse
proposé par l'auteure Marie Soeurette Mathieu

Marie Flore DOMOND
 

Aurore

Le cycle de vie impose de curieuses étapes à notre développement personnel. Lorsque certains sombrent dans la tristesse d'un côté par la force des épreuves, des malheurs, d'autres nagent dans le bonheur et expérimentent d'agréables surprises. Dans les grands rassemblements se dissimulent étrangement d'innombrables solitaires. Ironiquement le film AURORE est en ce moment à l'affiche dans toutes les salles de cinéma.  A l'issu de ce drame crève cœur et choquant, la petite martyre incarnée dans le folklore de la province du Québec n'aura pas vécue assez longtemps pour connaître un brin de réjouissance. Le mécanisme de l'instinct de survie poursuit son cours. Et Chacun se voit subir le sort de son existence entre mêlé de grisaille et de plaisir. Atteindre le potentiel de notre croissance personnelle demeure une autre option. Le goût de vivre, voyons! Car lorsque nous sommes en rupture d'harmonie avec nos centres d'énergie, nous tournons le dos aux sept lois universelles dont l'entendement ou l'émerveillement qui nous habite. Nous vivons une sorte de chaos intérieur qui opprime notre désir de jubiler. Il revient à dire qu'idéalement les aînés devraient cultiver la Joie et la Gaieté pour assurer l'équilibre psychique et le bien-être émotif de la relève.

Enfant

L'expression d'un bambin émerveillé dans son environnement familial.

Quoi de plus exaltant que de célébrer les jeunes! Un simple album de photos peut suffire de nous replonger à la vitesse éclaire de nos événements heureux sur le plan intime. La tradition de la fiesta juvénile publique n'est pas une nouvelle tendance. De nombreux Pays ont adopté cette pratique depuis belle lurette. Pour sa part, la Ville de Montréal en est sa 7ième édition de la FÊTE DES ENFANTS DE MONTRÉAL. Les 20 et 21 août prochains sont les dates prévues pour ce rassemblement collectif.

Fête des enfants

La programmation sera étoffée soutiennent les maîtres-penseurs de cette festivité. A la grille des activités et transports gratuits durant les deux jours, les bibliothèques et les responsables de l'organisation de Montréal, capitale du livre 2005-2006 profiteront de l'occasion pour mousser la sensibilisation des jeunes à la lecture. Je ne doute pas que l'éventail des œuvres qui seront à la disposition des jeunes et apprentis lecteurs car l'industrie de l'écriture juvénile est en pleine effervescence.

Ce qui est inquiétant c'est la grande place qu'occupent certains auteurs qui ont le privilège de produire dans les maisons d'Éditions bien cotées tandis que les créateurs locaux demeurent en marge presque invisible. Comment expliquer le phénomène d'invasion d'Harry Porter, un produit d'importation qui explore la dimension fantastique soit largement plus populaire qu'un roman qualifié réaliste qui rejoint la quotidienneté des jeunes? Juste ciel! Il me semble qu'il faut se connaître soi-même avant d'embrasser la culture des autres… Là encore, nous en sommes dans la tourmente de la dualité du cycle vital. L'ombre et la lumière, le tout puissant versus le faible le succès par rapport à l'échec.

Découvrons ensemble la perception de l'auteure et sociologue, Marie Soeurette Mathieu sur les points fondamentaux comme la communication humaine, l'incidence de la séparation et de la perte d'un être cher au cours de la période médiane de l'enfance.

Un roman jeunesse sous le régime de la simplicité

Double choc pour Mélanie
Éditions du CIDIHCA, Montréal, 2002
ISBN 2-89454-065-5

Modeste en substance que ce menu assorti d'un flot de cocktail fruité d'arôme juvénile. DOUBLE CHOC POUR MÉLANIE proposé par Marie Soeurette Mathieu ramène à l'image d'un régime diététique dont les petites bouchées sont mijotées en toute simplicité. Faut-il préciser que dans ce contexte, la simplicité ne peut se substituer à l'expression simpliste. Plusieurs avenues peuvent être envisagées à mon avis. Supposons un instant que l'auteure par astuce aurait pris un malin plaisir d'annoncer silencieusement la thématique de son prochain récit fondé sur un ambitieux projet d'une collection de romans jeunesses! Deviner quelles seraient les idées sous-jacentes…

Puisque vous donnez votre langue au chat, je vous concède volontiers quelques idées. La suite devrait certainement être: la mise en forme au moyen de la participe-action pour faire échec à l'obésité durant la période de la puberté (8-12 ans). Ce n'est un secret pour personne. La majorité des jeunes sont sous influence de la mal bouffe. Un sujet d'intérêt pourrait en emboîter un autre. Ce serait une recette équilibrée et surtout garant de apprentissage souhaitable de cette catégorie d'âge. Et si cette interprétation s'avère loin de la vérité, j'implore sur-le-champ l'indulgence du lectorat à l'égard de ce dérapage cognitif. D'autre part, j'anticipe un sourire amusé du maître d'œuvre.

Toujours dans le même ordre d'idée de la notion de simplicité ou encore du dépouillement de l'œuvre, n'est-ce pas une manière d'établir un pont de transition partant des contes d'enfants à la découverte de cette dérivée littéraire, qu'est le roman, dans l'univers des adolescents?

Une jeune héroïne face à la décadence d'une société moderne résume le niveau de la flambée de vapeur consommée pour concocter l'histoire. Pas plus qu'une cinquantaine (50) de pages mixées aux illustrations d'une fillette en mouvement constant (Œuvre de l'artiste CORRINE NYARI). D'une expression de mélancolie figée sur la page couverture, s'en suit l'image de tristesse de la page 16, ensuite l'état de détresse à l'enseigne de la pages 27, puis un trait de fragilité à la page 40 et enfin pour conclure un cliché animé d'un air victorieux. Pour en venir à la constance, l'histoire prend chair par une succession de dénouements très malheureux où débute une crise familiale, une rupture conjugale, des séparations amicales, une tragédie. Mélanie s'est retrouvée sous le poids de plusieurs épreuves subséquentes. Qu'est-ce que vous direz de l'accompagner du début de ses situations difficiles jusqu'à l'issue de sa relation-culte avec un de ses aïeux…

La vitesse accélérée avec laquelle la jeune héroïne raconte son aventure laisse cependant deviner l'empressement voire une certaine hâte qui envahissait l'auteure lors du processus de concrétisation de l'ouvrage. Certes, l'imaginaire est le dada des créateurs, les critiques doivent se contenter de leur flair.

Trêve d'humour, l'aspect le plus surprenant du roman est la dimension parapsychologique. La correspondance qui réunit le personnage principal à sa grand-mère défunte. Celle-ci l'ayant transmise un message prémonitoire par le biais d'une vision alors qu'elle était hospitalisée après avoir subi deux événements éprouvants. «tu as un projet à achever auprès de ta mère et de ton père. J'ouvris ma bouche pour lui dire que les deux sont séparés, elle m'interrompit en disant: «Je sais Mélanie, ce n'est qu'une crise passagère, Gustave est troublé maintenant. Mais tu vas voir, il retrouvera le bon sens bientôt.»… «Tout ce que je sais c'est qu'elle est arrivée aujourd'hui un peu avant toi. Elle demandait à tout le monde des jouets, canard jaune, piscine. Étant donné qu'il n'y a pas de canard jaune dans la Cité ni de piscine, on lui a trouvé un cheval blanc...»

Sociologue de formation, on comprend bien que l'auteure soit sensible à de tels sujets aussi graves soient-ils. Le deuil et le phénomène épidémique de la séparation des couples laissant dans la détresse psychologique leur progéniture. A vous d'y voir la leçon qu'il faut tirer de cette alerte.


  Biographie de Marie Soeurette Mathieu.