Plan du site
 
Kébek

Islande Casséus
professionnelle de longue date
en soins esthétiques
clarifie les perspectives de son plan d’affaires

Marie Flore DOMOND

Islande Casséus

Même le teint naturel que reflète le portrait de cette Antillaise ne saurait vous révéler distinctement quelques indices sur ses activités professionnelles à première vue. Cependant, sa voile de discrétion peut vous surprendre lorsqu’il s’agit d’établir un protocole de ses stratégies d’affaires. A l’entendre parler, la réorientation de sa carrière d’infirmière en soins esthétiques, y compris la coiffure, ne s’est pas produite sur un coup de tête. Elle se situe en juste équilibre entre la passion de sa profession et la planification rationnelle qui lui permet de rentabiliser ses projets. Néanmoins, son engagement dans la communauté haïtienne, n’est pas uniquement économique. Le défi de la condition féminine la motive plus qu’on pourrait le croire. Effectivement, elle en fait foi à travers ses déclarations.

Dans l’éventail de ses spécialités, on retrouve, la coiffure, la pédicure, la manucure, le maquillage et les greffes. Elle jouit du privilège d’être bilingue, car elle a fait ses études aux Etats-Unis.

Madame Islande croit que quelqu’un peut se diriger dans n’importe quel domaine qu’il désire, c’est le professionnaliste qui fera la différence. La clé du professionnalisme en question n’est autre chose que l’amour de ce qu’on fait. C’est très exigeant de travailler avec le public. Il ne suffit pas d’investir huit heures par jour. Personnellement, je professe dans ce domaine par esprit d’esthétique a-t-elle avancé.

Pour rejoindre l’ensemble des actions et de l’application au niveau créatif, Islande Casséus a choisi d’être à la fois coiffeuse et esthéticienne. Et elle explique pourquoi. Posséder les deux volets en même temps implique le traitement des cheveux, les soins corporels, l’inspiration styliste également. Elle avoue que la coiffure a quand même préséance dans la mesure où elle se déplace fréquemment pour assister à des congrès, des colloques, des séminaires concernant la coiffure.

Vous arrive t-il de traîner des incertitudes sans jamais les clarifier? C’est comme une mèche de cheveux mal fixée sur la tête. On passe notre temps à la replacer sans succès. J’ai voulu savoir une fois pour toute si c’était une profession ou un métier. Sa réponse fut concise. Écouter ce qu’elle avait comme réponse. Je dirai les deux. C’est à la fois manuel, physique et intellectuel. Il faut penser à des compositions chimiques. C’est très important. On bouge et on marche. Dépendamment du studio, certaines coiffeuses font uniquement la finition. Moi, je fais tout.

Pour ce qui est des attentes d’une cliente face à sa coiffeuse, l’interlocutrice s’est montrée catégorique. Pour tenir compte de l’effet thérapeutique qu’une coiffeuse peut exercer généralement sur sa clientèle, il faut savoir si les clientes sont passagères ou régulières. Dans ce contexte, chaque cas est particulier. Pour trouver un problème, il faut un certain suivi avec la cliente en question. Il peut s’agir d’un problème interne, ou externe. Dans ce cas, je joue le rôle de conseillère en évitant des produits irritants, fixatif et autres. Il faut savoir quand appliquer les traitements chocs. Il y a aussi le facteur de stress, de l’anémie ou de la médication, le débalancement de la glande thyroïde. À ce moment, mon souci est de diriger la personne vers un dermatologue qui peut diagnostiquer. Il faut dire que le fait d’être infirmière m’aide beaucoup.

Si le snobisme fait rage dans la plupart des salons de coiffure, Islande se défend rigoureusement de ce préjugé. Je ne regarde pas les gens sur les apparences. Quelque soit le statut de la personne, c’est une cliente avant tout. Je prie régulièrement pour avoir toujours le respect et la dignité de ma clientèle. Par contre, je dois reconnaître que cela existe.

Les entraves du métier
et les stratégies à considérer

Islande Casséus

Q’on se le dise, un échec ce ne serait pas la fin d’un mode. Au contraire, c’est la chance de pourvoir recommencer quelque chose de façon plus intelligente et profitable. Islande Casséus soutient parfaitement le vieux dicton. En comparaison avec stratégies d’affaires des coiffeuses qui demeurent aux Etats-Unis, les afro salons de coiffure de la région montréalaise éprouvent des difficultés à tenir un personnel stable. Son approche de solution est la suivante: Aux Etats-Unis pourtant, il existe beaucoup de place qui sont louées à l’intérieurs d’un même salon. Ici, nous ne sommes pas capables de fonctionner ainsi en raison de la jalousie, l’envie et l’égoïsme que l’une nourrit envers l’autre. Au niveau de l’apprentissage par exemple, les coiffeuses font face à la malhonnêteté des stagiaires. Au lieu de demander une copie, elles vont piquer les fiches techniques du matériel didactique. Sitôt que l’élève termine son cours, il préfère aller travailler à domicile. Et la compétition est trop féroce, les coiffeuses deviennent méfiantes. C’est ça la source du problème. En ce qui me concerne, je vous donne carte blanche de consulter le personnel. Nous formons une famille. Le salaire est raisonnable. La communication est présente et les avantages sociaux également.

L’autre question inévitable était donc celle-ci. Avez-vous d’autres raisons qui expliquent l’infortune de certaines coiffeuses alors que l’industrie de la coiffure en générale est florissante? – La gestion est très, très importante en coiffure. Il y a ce qu’on appelle le temps mort. Au mois d’avril certaines activités commencent comme: les communions, d’avantage de mariages, les baptêmes, les graduations et toutes sortes de festivités. Il rentre beaucoup de sous. Ensuite, c’est l’ouverture des classes au mois d’août et septembre. L’hiver arrive. C’est l’époque des tresses de mi novembre jusqu’au mois de décembre. Mais si on n’économise pas pour les mois de janvier, février et mars, on aura toujours un manque à gagner. Il faut prévoir un budget pour l’électricité, le loyer, les taxes et les produits. Ces distributeurs n’attendent pas. Certaines personnes sont moins gestionnaires que d’autres. Il y a aussi le phénomène de la compétition entre les coiffeuses qui n’aide pas.

Islande Casséus

J’en ai profité de l’ambiance propice des déclarations déjà faites pour procéder à une introspection plus targe sur le sujet. J’ai rompu les quelques instants de silence en avançant ceci. Dans votre position vous êtes soumise à beaucoup de confidentialité. Avez-vous constaté un changement significatif ou comportement plus émancipé de votre clientèle féminine haïtienne. Les complaintes des rapports de domination des conjoints envers leur épouse ont-elles diminuées? – Les femmes viennent surtout pour se relaxer, se sentir belles. Elles sont beaucoup plus autonomes. A présent, les commentaires que peuvent avancer leur conjoint les importent peu. Tant à commander la nourriture à la maison durant leur absence, elles le feront! L’esprit de sacrifice au nom de l’époux ou du conjoint est révolu. Ce que je remarque particulièrement, c’est que le studio devient une place pour se défouler, échanger, partager.

Marie Flore DOMOND