Kébek

Vivian Barbot
a remisé son passé d’enseignante
pilote plus que jamais sa vie de militante
tout en planant au dessus du champ politique

Marie Flore DOMOND

http://www.vivianbarbot.com/

Candidate du bloc québécois
Circonscription : Papineau
 Membre du conseil d’administration du Conseil
de la souveraineté du Québec à ce jour
Ex Présidente directrice générale de la Fédération
des femmes du Québec (2001-2003)

À force de m’avoir communiqué son expression naturelle de femme tempérée et modérée, j’ai demandé un peu candidement à madame Barbot vers la fin de l’entrevue si la simplicité s’apprend. J’ai eu droit à un sourire du genre surpris accompagné d’un éclat de rire. Je suppose que si c’était le cas, j’aurais une réponse affirmative de la pédagogue. Cependant, pour satisfaire ma curiosité, elle a ajouté que c’est un don inné chez elle; en plus d’avoir été élevée dans la simplicité. Elle a également précisé que c’est une qualité qui agrémente la vie et rapproche les gens. En effet, j’ai eu le privilège de dialoguer plus d’une demie heure avec elle sans avoir à contrôler une once d’émotion étrange. J’ai eu l’impression de m’entretenir avec une connaissance de longue date, alors que nous nous étions rencontrées pour la première fois.

Le projet de la Souveraineté du Québec semble vous tenir à cœur. Quel impact l’Indépendance du Québec pourrait avoir sur la démarche de l’épanouissement des femmes selon vous?

La souveraineté ne règlera pas tout. Il faut un contenu et il est nécessaire de faire la promotion. Dans le programme du Parti, nous prévoyons la légalité de la femme par le biais de l’équité salariale. Combattre la pauvreté de la gent féminine. On sait que les femmes vivent plus longtemps. Par conséquent, il faut voir à la protection des personnes âgées. Nous nous penchons aussi sur le dossier du supplément de revenu garanti. Nous sommes sensibles à la cause de la condition féminine et elle est bien visible dans le programme.

En politique madame Barbot, le discours ne concorde pas toujours avec la pratique. Quel sera le sort des communautés visibles dans une telle aventure?

L’intention est là. Cependant, on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Il suffit de se conduire à bon droit et agir comme des québécois sans exception.

Mais dans une conjoncture économique difficile il peut y avoir un recru d’essence du nationalisme qui peut nous conduire au pied du mur madame Barbot! Vous ne croyez pas?

De toute façon, le basin de la population ethnique est assez volumineux pour réclamer sa place. La où je suis, personne ne peut me ravir ma place. Par contre, si je laisse la place vide, on peut feindre de ne pas savoir si elle était déjà prise.

Si je comprends bien, vous tentez de rattraper le destin d’Haïti en voulant absolument la souveraineté du Québec?

Contribuer à bâtir un Québec souverain et autonome n’est pas loin de se concrétiser même si on essaie d’influencer les gens et de retarder le processus par la peur. Comme disait Dany Laferrière: «Haïti n’a rien, sauf l’Indépendance et le Québec a tout, sauf l’Indépendance.» Je suis sûre que vous ne pourriez pas exercer le journalisme dans la quiétude que vous le pratiquez ici. Le Québec est mon chez moi. Je me sens libre et utile. Et si je peux travailler à son amélioration, c’est tant mieux.

Je vous ai vu marcher contre la pauvreté des femmes. Mais il y a une autre misère plus grande encore qui est celle de la violence conjugale où les hommes en état de sécheresse de l’esprit, de détresse émotionnelle en arrivent à tuer leur conjointe pour leur réduire au silence. Que pensez-vous de cette triste situation d’ici ou d’ailleurs?

Je comprends le désarroi des hommes. Un certain nombre n’arrive tout simplement pas à comprendre la révolution féministe. La plupart des hommes sont désemparés face à l’émancipation féminine. Ce que je condamne c’est cette espèce d’irresponsabilité que plusieurs affichent au nom de l’amour et qui n’est rien d’autre que de l’égoïsme, de la possessivité…

Ne croyez-vous pas que l’émancipation commence à coûter un petit peu trop cher à la gent féminine?

Le prix de la liberté n’est jamais trop cher. Nous avons lutté pour en arriver là où nous sommes. Nous ne pouvons pas reculer, encore moins nous immoler, nous diminuer pour faire plaisir à l’autre. Je prône le dialogue, l’entente mais pas le sacrifice de soi pour plaire au sexe opposé quand même!

D’après vous, quelle sanction dissuasive les autorités devraient appliquer pour contrer ce fléau grandissant?

C’est difficile et délicat de parler de sanction. Car les sanctions sont prises par rapport à la mentalité d’une société et des cas de Jurisprudence. Dans l’affaire Cloutier par exemple, il s’en tire quasiment à bon compte comparativement au tort causé à la victime. Est-ce qu’on parle de vengeance! Dans certains cas, on ne pourra jamais punir les personnes pour leur crime. Je suis contre la peine de mort. Je trouve cette pratique œil pour œil, dent pour dent barbare.

Percevez-vous l’affirmation de la communauté homosexuelle comme une réelle orientation sexuelle ou bien une sorte d’échec du rapport hétérosexuel?

L’homosexualité a toujours existé. A présent, c’est une réalité concrète qu’il faut accepter. Les deux causes ne sont pas liées. Il se trouve que les deux réalités ressortent en même temps et on a tendance à les rapprocher.

Certains y voient une forme de perversion de la société, qu’en dites-vous?

Je ne peux pas qualifier de perversion ce que les gens font en privé dans leur chambre à coucher. S’il y a un point qu’il faut questionner ce sont les normes.

En dépit de votre idéologie politique, que pensez-vous de la nomination de l’honorable Michaëlle Jean?

C’est avant tout une compatriote. Cette nomination est une fierté pour la communauté noire. Elle représente un modèle pour les jeunes. Madame Sheila Coops a essayé de me faire un procès d’intention à tort au moment de sa nomination.

Quelles sont vos modèles de femme militante au Québec et / ou ailleurs?

Avant tout, il y a ma mère Rhéa Barbot qui est une femme forte que j’admire. Elle vit avec moi. Je tiens en admiration également Madeleine Parent: syndicaliste, féministe, une femme très engagée. Elle a beaucoup milité dans le domaine du textile. D’ailleurs, elle n’a jamais baisé la garde. Je trouve les femmes immigrantes extraordinaires. Ces femmes qui ont quitté leur pays d’origine parfois sans instruction et qui trouvent la détermination d’investir une confiance inébranlable dans l’avenir de leur enfant.

Sur le plan personnel, le militantisme vous procure quel sentiment?

Militer est une façon d’être. Je suis souvent indignée, révoltée par des inégalités, des injustices. C’est le sens de la solidarité qui m’anime. Je ne peux concevoir la condition humaine sans entre aide. Il faut créer des liens selon moi.

Avez-vous délaissé votre profession d’enseignante au profit du militantisme?

J’ai toujours milité, mais au moment où j’avais fait le choix de prioriser la militance, je devais prendre ma retraite en enseignement. Conséquemment, le chemin était facile.

Jusqu’ici vous avez été libre de militer à votre guise. Advenant que vous accédiez au pouvoir, ne redoutez-vous pas que vous pourriez avoir les mains liées?

Je défendrai mes convictions avec autant de force. Par contre, il faudrait que je tienne compte de l’ensemble au sein de la formation politique. Dans ce contexte, il y aura toujours place pour des compromis. Il existe une différence entre le compromis et la compromission. Et au lieu d’arriver à ce stade, je préfèrerai démissionner. C’est aussi simple que cela.

Vous présentez comme candidate pour le Bloc québécois est-ce une continuité de votre vie de militante ou une occasion qu’il fallait saisir?

Définitivement, c’est une continuité. Je n’ai pas eu à me forcer pour en arriver là.

Si vous êtes élue dans votre circonscription, quelles seraient vos priorités madame Barbot?

C’est un des comtés les plus pauvres. Alors, je m’attarderai sur les dossiers comme: l’absence de logement, le chômage, le certificat de sécurité des immigrants, les jeunes, tout ce qui se rattache à la discrimination. Bref, travailler à améliorer le sort des citoyens.

Je vous remercie madame Barbot.

Au plaisir Marie Flore.
 

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