Chères

à L.

«Inconnue, elle était ma forme préférée,
Celle qui m’enlevait le souci d’être un homme.»
(Paul Éluard)

Saint-John Kauss
 

"Gladys and Eve" (That's not Adam )

"Gladys and Eve" (That's not Adam) par François Roger. Macondo

rêves de papiers peints pour cet amour consommé depuis le grand pardon des aquarelles et de ces filles de lys / filles de fagots confisquées pour la consommation des ormes au réveil des yeux

des femmes aux fesses immenses et déterminées                   à soulager d’une profonde blessure / blessures de cœur ramassées à bras levés dans les excès et le partage d’hommes nus / pécheurs qui fument les rêves des filles de benjoin et de cinname filles du prophète

ces corps de chanvre et de laine                   maquillés par des voyelles déhanchées aux jours des jupes de noyées de mes îles sans rivages Pleut-il à contre-goût femmes d’intempéries aux mollets de Joconde                   lunes épicuriennes qui font l’amour sur la plante des pieds gais poètes aux palmes d’acariâtre qui griffent la bouche et les yeux des goémons

hautes feuilles des yeux avancés dans la rutilance des regrets et des prétextes de femme au visage doux et au regard de gypse ----------- fruit d’un soir de bénitier                   Ô belle femme

rage de filles éteintes dans la vasque aux désirs                   consolation de la ville allongée sur le ventre des poèmes aux courtes histoires                   seins tétés sans pitié à genoux                   rumeur d’orgies qui croque l’antenne comme un cri

ô toi lesbienne mue sans sommeil cuisses envieuses qui jouent aux dames des processions
Ô toi femelle d’ange qui rêve de posséder mon monde séminal enroulé tel un serpent dans l’arbre de la félicité
Ô trop femme aux mamelles de vendeuse de cailloux parapet aux cheveux congelés par la rivière des mots gouache hippique interrogée dans l’aquarelle des dattiers sans cheminée

plage de filles d’Ariane aux fesses de baguettes magiques tassées dans les bras de mages aux yeux arqués et vastes comme des hirondelles
toutes ces filles de joie pour arroser d’amour ces vieux papiers extraits des poussières de la bibliothèque d’auteurs désaxés qui baisent à reculons

rage de mâles aimés avec un grand rire                   Ô masques des langues à brûler comme l’encens / comme l’oliban en plein midi des réverbères                   bouquets de pêches miraculeuses sans contredire l’oreille nègre du vieillard / griot croisé des grands chemins                   Ô masques des momies d’assassinés

partageons les bonnes filles tigées aux fronts d’oiseaux que parie le poète à chaque course de gamins                   folle course sans rires et sans bruit d’un pas froid et de consolation

cathédrales de jeunes femmes aux lèvres cendrées                   goût de cannelle seins de psylle renversés sous les aisselles                   corps de hutte en attendant le mât du sommeil fesses rayées par la main gauche prohibée                   jambes écartées entre l’index et les longues heures de plaisir                   laitance du sperme sur les nombrils et le cahier écrit au thé de camomille

poèmes d’hermaphrodite affichés entre les deux tempes jusqu’à l’île grand jour partagé à coups de verge dans le champ de l’amour                   Ô filles de cabaret qui dansent nues au palais des funambules                   la marche à la liberté n’explique pas les fiançailles du peuplier

à toi charmeuse du village à l’anche des baisers                   hippocampe à tes yeux collé dans la nèfle des désirs                   trèfle des amitiés perdues dans la paille du bourreau                   un abri de sinople pour la prisonnière bien assise entre les paons les gibecières et les cireurs de bottes                   cahier de mots et de poèmes dans l’armoire d’une main de grande vigilance Ô filles chaudes ô femelles d’ange inadmissibles entre deux elles

car il n’y eut jamais d’amour dans nos cimetières bornés entre les cuisses des grandes villes

Pierrefonds et Montréal,
été 2003.
 

 
Logo