Je pense à ces immeubles
Qui tombent à genoux
Dans une ultime prière
Je pense à ces enfants qu’un obus
Expédie au cimetière des anges
Comme un vulgaire colis
Je pense à ces hommes qui ont les bras cassés
A force de porter le désespoir
Je pense à toutes ces femmes
Dont les cris n’éteignent plus la mort
Et dont les yeux boivent le deuil
Je pense à ce peuple
A tout son quotidien humilié
Aux reins brisés des fleuves
Je pense au peuple du Liban
À un oiseau piégé
Dans le vent du souffrir
Je pense aux religions
Jetant l’huile sur le feu
Et les cadavres en piles
Dans une immense folie
Je pense aux nations
Aux bras croisés des nations
Devant les mains raidies
Qu’aucune prière
Ne peut démeurtrir
Je pense au Liban
A ce peuple
Qui va à pas perdus
De guerre en guerre
Dans le brûlis des jours
Et la marelle du malheur
Il est temps de découdre les yeux du temps
De remettre à l’oiseau l’espérance de ses ailes
De remettre à la rose son parfum de rose
De remettre au Liban la paix du Liban
Ernest Pépin
Faugas le 28 juillet 2006
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