Lans-lan

Katherine Mansfield

Traduction en créole par
Jean-Marc ROSIER

Lans-lan
Lans-lan
Lans-lan • Katherine Mansfield • Traduction Jean-Marc Rosier • 2006 • K. Edition • ISBN 2-9522132-1-6 • 15 €
Nombre de pages: 168 (préface + version créole + version anglaise).
Katherine Mansfield Beauchamp ka wè jou atè Wellington, nan péyi la Nouvel-Zélann, 14-zienm jou mwa Oktob Tanné 1888 la. An 1903, tout lafanmi'y ka pati pou Langlitè. An lanné apré, i ka fè paret yonn dé nouvel adan jounal Queen's College la oti i ka fè létid-li. An 1906, Katherine ka viré adan péyi'y oti i ka piblié dotwa teks adan jounal lavil Melbourne la, The Native Companion.

A vwal ek a vapè, Katherine ka mennen an lavi libèten. Lanmò frey-la adan Gran Ladjè a ka boulvèsé'y. Virginia Woolf, bon kanmarad-li, ka ankourajé'y kontinié ékri. Félicité, primié liv-li, ka paret an 1920 ek The. Garden-Party an 1922. I té ka wè koy kontel "dénié romantik-la" siek-la pôté. Malad dépi konmen tan, lanmò ka varé Katherine Mansfield an 1923, 9-vienm jou mwa janvié a. I té ni 34 an.

Préface

Trop peu connu est le rôle qu’a joué et que joue encore la traduction dans l’essor des langues. C’est seulement vers le milieu du siècle passé, il est vrai, que ce rôle a été estimé à une plus juste mesure, si bien qu’il n’y a guère, le nom du traducteur n’était même pas mentionné. De cette activité, en effet, d’illustres travaux — ceux d’Antoine Berman, d’Henri Meschonnic, de Roger Zuber, de Georges Mounin ou encore de Jean-René Ladmiral, pour ne citer que ceux-là — ont brillamment montré, en dépit de certaines divergences de vue, le pouvoir à la fois d’élargissement et d’enrichissement. N’est-ce pas essentiellement par le biais de traductions que la langue française s’est enrichie de nombre d’expressions, nombre de tournures provenant du latin, du grec, de l’hébreu, de l’arabe…

Faut-il encore rappeler que c’est une traduction, celle de la Bible par Martin Luther, qui est à l’origine de l’allemand littéraire? Quelle que soit sa manière, qu’il privilégie le sens par rapport à la forme ou l’inverse, le traducteur, pour peu que sa plume soit contenue, perspicace et heureuse, n’exerce-t-il pas une activité au rôle pluriel ? N’est-il pas — et à cet égard, le terme de «transbòdè» (transbordeur?) dont se qualifie Jean-Marc Rosier est on ne peut plus évocateur —, à l’image de Charon, batelier mythologique des fleuves infernaux, un passeur, mais un passeur de mots, un passeur de parole? Tout cela, on ne saurait le nier. Mais, plus encore, ce passeur de parole ne mérite-il pas, s’il s’en montre digne, le titre de créateur, de re-créateur? En conséquence, son entreprise est alors d’ensemencement et les fameux arguments de Du Bellay pourfendant la traduction demeurent caducs.

Si dire que l’on traduit ordinairement pour permettre à des lecteurs de découvrir des œuvres étrangères est une lapalissade, il en va tout autrement s’agissant des traductions en créole. Et pour cause: nous autres lecteurs créolophones des Petites Antilles et de la Guyane, n’avons-nous pas été amplement scolarisés en français, sinon en anglais (la langue de Katherine Mansfield) ou en espagnol? Aussi, traduire de ces grandes langues vers le créole, voilà ce qui peut laisser perplexe quand on n’est pas au fait des enjeux qu’implique pareille activité! Pourquoi traduire en créole, à l’attention d’un public franco-créolophone, des textes de la littérature mondiale disponibles en français? Le créole est-il susceptible d’accueillir d’autres idiomes dont des siècles d’écriture ont forgé le prestige? Formé en Langue et Culture Régionales et en Lettres Modernes, auteur de Lélékou, remarquable roman en créole où s’orchestrent avec bonheur innovations syntaxiques et richesse lexicale (sans excessive promptitude au néologisme), qui, par cela, n’est pas sans rappeler le prodigieux Dézafi de l’haïtien Frankétienne, Jean-Marc Rosier est certes pleinement conscient de cette vaste problématique que nous venons d’évoquer et, par conséquent, n’ignore rien des raisons de l’incompréhension, voire de l’hostilité suscitée par l’humble et grande tâche à laquelle il s’est attelé. Pas plus qu’il n’ignorait les multiples difficultés auxquelles il allait se heurter en acclimatant dans notre vernaculaire l’admirable texte de Katherine Mansfield, femme de lettres néo-zélandaise. Mais, suivre sa voie, sereinement: tel est son credo...

Qu’il s’agisse de lettres, d’essais, de mémoires, de discours, de dialogues, nous devons croire que traduire en créole donnera, à condition que ce mouvement se perpétue, une impulsion décisive à la constitution d’une rhétorique, d’une prose littéraire créole. Encore faut-il s’y engager, répétons-le, avec talent, c’est-à-dire avec inventivité, avec créativité, avec audace, ce qui, bien entendu, suppose à la fois maîtrise et passion des deux langues en présence. Oui, il fallait ces qualités pour rendre toute la vérité des sentiments, toute la finesse des descriptions propres à Katherine Mansfield et ces qualités n’ont pas failli à Jean-Marc Rosier.

Jean-Pierre Arsaye
Docteur en Langue et Culture Régionales

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