«Si je diffère de toi, loin de te léser, je t'augmente», Saint Exupéry, Lettre à un otage. Ouvrage - Éloge de la différence, d'Albert Jacquard (grand vulgarisateur scientifique).

Sage ou fou qualifierez-vous peut-être le personnage. Quoiqu'il en soit, Pierre Sully, a expérimenté l'héroïsme au nom de la Nation haïtienne et c'est sur la poussière de cette grande Étoile que la troupe théâtrale VOIX ET TAMBOURS D'HAÏTI des États-Unis a jouée pour ainsi dire toute une gamme en majeur le 14 mai dernier. Cette présentation en trois actes du dramaturge Marcel Dauphin soulignait la fête du drapeau. L'événement est commémoré le 18 mai de chaque année depuis 1803, date de l'adoption officielle du bicolore bleu et rouge au congrès de l'Arcahaie par Jean-Jacques Dessalines et son Homologue Alexandre Pétion.

Constituée d'un dialogue qui coule à flot, la pièce en question est loin d'être superficielle. Elle propose au public rien de moins qu'un modèle de bravoure épique en cessation. Le jeune sergent Pierre Sully n'entendait pas lâcher prise face au pouvoir coercitif, des ordres contraignants et de répression de la part de ses supérieurs. Il est donc devenu une épine aux pieds de ces derniers par ses insubordinations répétées à l'égard de (Jocelyn Jasmin, Capitaine Ponzé, Marcus Mordan, Commandant de prison , Alix Gornall, Officier américain, Franck Leroy Capitaine André). Le prédestiné Wills Paul, l'interprète de Pierre Sully parviendra malgré tout à s'injecter lui-même la piqûre patriotique pour déjouer le gouffre tyrannique dans lequel s'enfonçait la souveraineté de la Nation haïtienne. Le militaire respectueux et digne de sa fonction posera l'ultime geste qui prouvera qu'il a été un être libre.

Le sacrifice imposé par le choix du héros à l'époque de l'occupation Américaine en 1915, 111 ans après la proclamation de l'indépendance d'Haïti nous force à nous interroger sur les tergiversations que le symbole a connues. Car sur la foi d'une devise à outrance du genre «l'ego fait l'affaire» les dispositions, les transformations tantôt verticales tantôt horizontale du bicolore ont eu un effet de vertige sur les traces de l'histoire politique du pays.

Drapeau de 1806 réinstauré par le CNG Le 17 février 1986

Avec la performance de Maryse Crevecoeur, Germaine et Hurmine Chevalier dit madame Rosengerg on aurait espéré assiter à une confrontation plus durable entre les deux protagonistes. Quant aux personnages Roland Dorléussoldat et également le passant, Johny Bazile soldat, ont livré un jeu de complicité très satisfaisant. Sans oublier Antoine Chéry, dans les deux rôles, le ministre et le vieillard. Fianlement, Flaubert Chéry, Charlemagne et Édouard St-Pierre, Robert ont eux aussi fait bonne impression.

Madame Rosengerg

Il est à noter que les étudiants en musique de la polyvalente André Laurendeau de l'arrondissement de Saint-Hubert à Longueuil ont offert généreusement en prélude du spectacle une interprétation réussie de l'Hymne National d'Haïti sous la supervision de leur professeur.